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Brigitte Baumann: Pour la Tunisie, “time is now” pour être business angel !

Pouvez-vous nous parler de votre parcours et comment êtes- vous devenue business angel ?

En réalité, je suis devenue business angel sans réellement le savoir. L’idée a commencé quand un groupe d’amis a décidé de créer une entreprise dont le concept m’a plu. J’ai décidé donc de les aider dans leur parcours entrepreneurial et c’est là où j’ai commencé à investir. Mon expérience dans le développement de la plateforme Expedia m’a été d’un grand apport. Ce n’est qu’après des années que j’ai compris qu’il s’agit bien du business angel. Le plus important était de choisir où investir mon argent et c’est ainsi que j’ai choisi d’investir dans des startups qui partageaient mes valeurs, comme le développement durable et la diversité.

Entendez-vous la diversité des gens ou tous les types de diversité ?

Je parle justement de la diversité des gens qui doivent se sentir authentiques afin qu’ils puissent être plus innovateurs. Les projets innovants nous permettent, en effet, de rencontrer des gens différents de ceux qu’on rencontre dans les grandes entreprises et qui ont une manière unique de travailler. C’est pour cette raison que je cherche toujours des investissements à très forte valeur qui reconnaissent les différences entre les gens quant à leur personnalité, leur genre, leur religion… C’est cette compréhension des différences et cette vision commune qui font que l’entreprise pourra rester innovante dans le temps.

Entre penser à bien investir son argent et découvrir sa passion en la matière qui aboutira à la création de Go Beyond, comment s’est passée la transition ?

Au début j’étais averse au risque et je ne voulais pas investir de gros montants. J’ai donc commencé à chercher des projets où je pouvais placer de petits montants, avec des communautés avec lesquelles je pourrai acquérir de l’expérience. Il était primordial pour moi que les entrepreneurs accordent de l’intérêt aussi bien au « purpose » qu’au « profit ». L’internationalisation des entreprises était également un élément important. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de créer Go Beyond. Ayant acquis une certaine expérience, je voulais partager ce savoir-faire et offrir des formations spécialisées aux personnes voulant devenir business angel.

A la date d’aujourd’hui, combien de startups ont été financées par Go Beyond?

Avec Go Beyond, on vient de passer au-delà de 100 startups avec plus de 200 tours de table. Nous sommes, en effet, une communauté de près de 800 personnes dont près de 50% sont actifs. Nous n’investissons pas tous en même temps et dans les mêmes entreprises. Généralement, on suit l’entrepreneur et on l’accompagne jusqu’à une éventuelle sortie.

A quel moment un entrepreneur a-t-il besoin d’un business angel?

Dans la vie d’un entrepreneur, il y a plusieurs moments où il manifeste le besoin de recourir à un business angel. Au début, quand il est sur le point de tester son modèle économique, il a besoin d’un savoir-faire en la matière. Ensuite, quand l’entrepreneur cherche du « growth capital » et qu’il est encore petit pour les « ventures capitalists ». Enfin, un entrepreneur nous sollicite quand il décide de franchir le pas de l’internationalisation et conquérir de nouveaux marchés.

Quel est réellement l’apport du business angel dans chacune de ces étapes ?

En effet, le business angel intervient quand un entrepreneur décide de faire la levée de fonds et de mettre en place un conseil d’administration. Nous intervenons également pour apporter le plus de valeur en termes de ventes, la phase la plus difficile à gérer par un entrepreneur et pour laquelle, il a besoin d’aide et d’accompagnement.

Un entrepreneur sollicite les services d’un business angel quand il a besoin d’un savoir-faire dans le domaine qu’il exerce. Ayant en majorité entre 25 et 35 ans, ces entrepreneurs manquent d’expérience en matière de management. Ils ont besoin d’un vrai support en matière de mentoring et de coaching, que nous pouvons assurer. En matière de financement, nous sommes aussi prêts à investir et à réinvestir en cas de satisfaction.

A quel stade intervient Go Beyond ? Avez-vous une spécialité ?

A vrai dire, Go Beyond intervient de plusieurs façons, du côté de l’entrepreneur et du côté de l’investisseur. Ce qu’il faut savoir, c’est que nous ne sommes pas simplement des leveurs de fonds. Nous sommes dédiés à être sûrs que ces entrepreneurs sont prêts pour leur levée de fonds, et ce, via l’éducation, les vidéos, les webinars… pour, ensuite, les introduire auprès des investisseurs.
D’autre part, l’investisseur, notre client principal, a besoin de notre accompagnement afin de créer son portefeuille. Nous assurerons, ainsi, régulièrement des analyses qui peuvent aider les business angels à optimiser leurs activités via l’éducation, l’accompagnement et notamment le « deal flow ».

En général, quel est le rendement moyen pour les investisseurs ?

En fait, la moyenne des rendements des portefeuilles est autour de 10 à 15% par an. La disparité est telle que 20% sont nettement en dessous et 30% sont nettement au-dessus. En moyenne, nous suivons entre 300 et 400 portefeuilles. En réalité, le succès de Go Beyond, est dû à sa stratégie de travail. Avec nous, l’entrepreneur bénéficie, outre le financement, d’un coaching, des rencontres avec les investisseurs qui prennent le lead dans la communauté. Les investisseurs de leur côté, tirent profit des conseils pour savoir comment créer leur portefeuille, comment garder leur argent pour réinvestir, comment diversifier leurs activités et leurs produits, comment investir avec d’autres… Nous leur offrons l’opportunité d’être passionnés et de s’amuser à apprendre mais le risque existe toujours et la possibilité de tout perdre n’est pas négligée.

Quelles sont les erreurs qu’il ne faut pas commettre ?

A mon avis, les erreurs qu’il faut éviter sont : ne pas investir tout son argent, ne pas mettre toutes ses économies dans un seul investissement, s’aventurer tout seul sans demander ni l’aide, ni l’avis de personne. Aussi, je dirai être passif en investissant sur un projet et attendre le résultat.

Dans votre parcours, y a -t- il des expériences africaines ou de la région MENA ?

Tout à fait, nous allons entamer notre quatrième année au Liban et nous travaillons en parallèle sur ce qu’on appelle « Rising Tide Europe ». C’est un programme qui regroupe environ 100 femmes qui se réunissent pour choisir 9 femmes ayant une profonde expérience et investir pendant une année. Des femmes africaines ont, en effet, intégré ce programme en espérant que la femme tunisienne nous rejoigne et adopte le concept pour la Tunisie.

Qu’est-ce qu’il faut pour mettre en place un écosystème de business angel ?

Premièrement, la mise en place d’un écosystème de business angel doit avoir lieu pendant la création de l’écosystème d’entrepreneurs. En réalité, si l’écosystème d’entrepreneurs est très développé mais que le financement manque, ces porteurs de projets quitteront le pays à la recherche de financeurs. C’est toute une mentalité qu’il faut changer.
Deuxièmement, il faut qu’il y ait de vrais partenariats avec le gouvernement qui réalise que le financement est fondamental.

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans le fait d’être business angel ?

Je dis souvent: « Change the world when deal the time ». Je suis persuadée que le changement se fera via l’entrepreneuriat. L’idée d’aller à la rencontre des jeunes investisseurs et de travailler ensemble me passionne autant que l’idée que je suis en train d’aider à changer le monde.

Avez-vous un message ?

La Tunisie a tellement de potentiel. « Time is now », allez-y, investissez ! C’est le moment ou jamais pour tous ceux qui n’ont pas encore osé d’être business angel. En Tunisie, vous avez les entrepreneurs et vous avez également l’appui du gouvernement. Certes, c’est une expérience risquée mais vivez-la ensemble, Dare to do it together !