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L’obsolescence professionnelle

Alors que la majorité des Tunisiens contestent, sur les réseaux sociaux, le nombre de fonctionnaires publics et le poids de leurs salaires sur le budget de l’Etat, ces mêmes personnes participent activement aux grèves décrétées par les syndicats. De la schizophrénie ? Non, mais plutôt de la peur du futur. La mobilité professionnelle n’est pas dans la culture du Tunisien. Le meilleur exemple est celui des enseignants qui cherchent à se marier, même sans une vraie histoire d’amour, pour déposer une demande de rapprochement familial !

Si c’est le cas des cadres, que dire de ceux qui ont un niveau intellectuel et des compétences professionnelles limitées ? Les employés qui ont dépassé un certain âge auront un vrai risque de chômage si leur employeur plie bagage.

Le personnel d’exécution, qui représente la majorité de la main-d’œuvre tunisienne, n’ont reçu aucune formation complémentaire depuis de longues années. Avec la crise économique, les entreprises font des économies au détriment de la formation. Même plusieurs cadres souffrent aujourd’hui de cette obsolescence professionnelle à cause de la digitalisation. Plusieurs postes exigent de plus en plus de connaissances horizontales. Un financier doit avoir des compétences solides en comptabilité. Un ingénieur doit maîtriser la comptabilité analytique et un gestionnaire dans une boîte pharmaceutique doit avoir un minimum de savoir en sciences. Ainsi, passer d’un poste à un autre est plus que jamais compliqué car il y a quelque part une compétence qui fait défaut.

Cela sans oublier le fait que passer d’une entreprise à une autre est un truc compliqué pour plusieurs personnes. Passer d’une structure très hiérarchique à une autre ouverte peut résulter en un échec d’intégration. Le courant pourrait ne pas passer entre des jeunes dynamiques et preneurs de risques et des adultes conservateurs en quête de stabilité.

Il faut que nos cadres soient conscients de la nécessité de se préparer à cela. Si l’entreprise n’offre pas la possibilité de former, il faut chercher à faire cela tout seul. Les after work et les diplômes post-universitaires offrent de telles opportunités. Autrement, la digitalisation pourrait rendre la vie très difficile au bout de quelques années.