Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir nos meilleurs articles et du contenu exclusif directement dans votre boîte mail.

Tarek Cherif: les opportunités sont nombreuses, mais sommes-nous prêts à les saisir?

Avec les mesures de déconfinement que le gouvernement vient d’annoncer, il semble que la Tunisie commence à se préparer à l’après-Covid. Les difficultés sont certes nombreuses, mais sont aussi les opportunités. Pour Tarek Cherif, président de la Conect, cette crise peut aussi être une chance pour la Tunisie pour amorcer des réformes clés … mais qui ont tardé. Écoutons-le.

Il est clair qu’après la crise, plusieurs entreprises européennes vont tenter de relocaliser leurs chaînes de valeurs dans les pays du voisinage européen, du moins en partie. Les entreprises tunisiennes, qui ont vu dans les années passées leurs clients partir en Asie, peuvent en tirer pleinement profit. “Les entreprises tunisiennes disposent d’un avantage géographique important”, a souligné Cherif.

“Mais rien n’est gagné d’avance!”, prévient-il. Car même si la Tunisie est à quelques minutes de vol des principales capitales européennes, elle souffre d’un inconvénient de taille, selon le président de la Conect : sa chaîne logistique défaillante. “À défaut d’une action urgente, nous risquons de voir d’autres pays, mieux préparés que le nôtre aussi bien sur le plan financier que logistique en profiter au dépend de la Tunisie”, a averti Cherif. Et d’ajouter : “Notre pays, avec la taille limitée de son marché, il est essentiel de booster les exportations et de supprimer les obstacles logistiques auxquels font face les exportateurs”.

Une meilleure allocation des ressources

Aussi importantes soient-elles, ces éventuelles opportunités ne doivent pas éclipser les conséquences immédiates de la crise. “L’annonce du déconfinement prochain ne peut être qu’une bonne nouvelle bien que la date aurait pu être avancée d’une semaine”, a signifié le président de la Conect. “Notre économie ne peut pas supporter la prolongation du confinement”, a-t-il ajouté. Surtout que, pour Cherif, le ralentissement de l’activité économique à cause des mesures de confinement sera certainement reflété sur le taux de chômage qui connaîtra une importante hausse. “Le capital humain est le principal capital pour l’entreprise”, a indiqué Cherif. “Mais face au ralentissement économique, les entreprises n’ont de choix que de libérer une partie de leurs ressources humaines”.

Selon lui, “une étude publiée par Oxfam estime qu’il y a un risque de recul de 30 ans dans les efforts de lutte contre la pauvreté en Afrique du Nord”. Pour faire face à cette crise, la Tunisie aurait certainement besoin d’importantes ressources dont elle ne dispose malheureusement pas. Pis encore, la crise sanitaire nous rappelle, encore une fois, la fragilité du système de santé dans le pays. Pour remédier à cette situation, il est important d’optimiser la gestion des ressources de l’État affirme Cherif. Fidèle à lui même, le président de la Conect a réitéré son appel à l’allègement de la masse salariale, ajoutant que “l’État ne peut pas continuer à allouer 40% du budget aux salaires des fonctionnaires”.

Et d’ajouter : “Il est aussi important d’agir rapidement pour trouver une issue à la situation des entreprises publiques qui coûtent cher à la communauté nationale”. Pour notre interlocuteur, cette situation a fait que l’État n’est plus en mesure d’investir dans l’infrastructure ni même dans les secteurs clés, notamment l’industrie et l’agriculture. “Peut-on parler de souveraineté dans un pays qui ne maîtrise pas sa production ?”, a-t-il signifié. Et d’ajouter : “L’État ferait mieux de combiner les banques publiques en une seule institution disposant des moyens nécessaires pour soutenir les secteurs clés de l’économie nationale. Il n’est jamais tard pour agir!”.