Bien que l’Afrique soit parmi les continents les moins touchés par le virus, l’impact sur son économie est quant à lui considérable. Une étude réalisée par la Commission économique pour l’Afrique au sein des Nations unies a essayé de mesurer cet impact. Détails.
65 milliards de dollars. C’est le coût mensuel du confinement total à travers l’Afrique selon les estimations de la CEA. Un chiffre important qui représente environ 2,5% de son PIB annuel du continent.
Au fait, plus d’une trentaine de pays ont mis en place des mesures de confinement national ou régional.
Naturellement, les entreprises africaines ont été particulièrement touchées par ce ralentissement économique sans précédent. D’après un sondage réalisé par la CEA, les entreprises en Afrique déclarent n’opérer qu’à 43% de leur capacité entre le 14 et le 20 avril. Ce ralentissement d’activité n’a pourtant pas touché de manière équitable toutes les entreprises. Les petites entreprises, par exemple, indiquent opérer de 30 à 40% de leur capacité. Ce taux est de 50 à 60% chez les grandes entreprises.
La baisse de la demande est bien évidemment le défi le plus important auquel font face les entreprises africaines en temps de Covid, selon le sondage de la CEA. Le manque de trésorerie opérationnelle et la capacité limitée des entreprises à contacter de nouveaux clients complètent le top 3 des défis les plus courants en Afrique. Les défis logistiques et la difficulté d’approvisionnement y ont aussi figuré.
Accès (plus) difficile à la nourriture
Dans un continent où l’accès à la nourriture est déjà difficile pour une large frange de la population, une pandémie comme celle que connaît le monde actuellement ne peut qu’empirer la situation. Les mesures de confinement ont particulièrement touché les travailleurs journaliers. Avec leurs revenus en baisse, ces ouvriers ont vu leur pouvoir d’achat considérablement réduit. À Nairobi, Kenya, par exemple, 70% des habitants des bidonvilles ne sont plus en mesure de se nourrir convenablement, d’après le rapport.
Pis encore, la CEA indique que les restrictions de mouvement, les heures de travail réduites et les couvre-feux nocturnes ont lourdement accablé la capacité des agriculteurs à produire. Les chaînes logistiques de distribution ont été elles aussi perturbées considérablement, ce qui a impacté négativement la capacité des citoyens à s’approvisionner.
Cette situation a fait que pour une large frange de la population africaine, respecter les mesures de confinement est un luxe qu’ils ne peuvent s’offrir. Ceci est particulièrement vrai pour les habitants des bidonvilles – soit 56% de la population urbaine africaine hors Afrique du Nord.
Cela a été confirmé par un sondage de la CEA : au fait, plus de 75% des habitants des bidonvilles ont quitté leur domicile en moyenne 3 fois en 24 heures, malgré le confinement. Et bien que 95% aient accès aux stations publiques de lavage des mains, 32% n’avaient pas les moyens d’acheter du savon supplémentaire pour se laver les mains. L’étude a également montré que 81% des sondés ont subi une perte totale ou partielle d’emploi ou de revenu.
Tests de dépistage : les africains innovent
Pour pouvoir élaborer et déployer des stratégies de déconfinement qui ne risquent pas de mettre en danger les populations, les tests de dépistage jouent un rôle important. Hélas, il est n’est pas facile de s’en procurer à cause d’une importante demande mondiale et une capacité de production limitée. Face à cette situation, plusieurs pays africains ont décidé de prendre les choses en main en développant leurs propres tests.
Au Ghana, par exemple, une société de diagnostic et l’Université des sciences et technologies de Kwame Nkrumah se sont associées pour développer un kit de test COVID-19 simple à utiliser qui donne des résultats entre 15 à 20 minutes. Le kit n’attend que l’approbation de la Ghana Food and Drugs Authority pour être déployé à grande échelle. De leur côté, des industriels sénégalais ont développé un prototype d’un kit de test COVID-19 qui coûterait moins de 1$, dans le cadre d’un programme collaboratif impliquant des chercheurs britanniques et français.
Et les exemples sont nombreux!
Bien que la crise soit mondiale, les pays africains semblent particulièrement touchés et ce, malgré le faible taux de mortalité comparé à d’autres pays dans le monde. Cette immunité contre le virus n’a cependant pas protégé les africains contre les retombées économiques d’une crise qui risque de s’allonger.
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