Le crowdfunding serait-il une solution pour faire face aux difficultés de financement des entreprises ? C’est l’idée qu’a défendu Salah Ben Youssef, ministre de l’Industrie et des PME, lors de sa participation à une conférence sur le sujet. “Le crowdfunding peut ouvrir d’autres portes pour faciliter le financement des PME en Tunisie surtout que les entreprises tunisiennes souffrent d’un manque de liquidité qui s’est aggravé durant la crise”, a-t-il indiqué. Ajoutant que “le financement classique ne peut répondre à toutes les demandes”.
Ce n’est pas la première fois que la question du crowdfunding ait été posée en Tunisie. Déjà, en décembre dernier, un conseil ministériel a approuvé un projet de loi sur le crowdfunding. “Si nous pourrons mettre en place rapidement les mécanismes nécessaires pour le crowdfunding, ça nous aidera à dépasser la crise plus rapidement” a souligné le ministre lors de sa participation à un webinar organisé par le ministère de l’Industrie et des PME.
La Tunisie est-elle prête pour le crowdfunding ?
Certes, le crowdfunding n’existe toujours pas en Tunisie, mais ceci n’a pas empêché le lancement de plusieurs initiatives de financement participatif sur des plateformes à l’étranger pour financer des projets en Tunisie. “100 projets ont été financés avec une enveloppe totale de 300 mille dinars”, a souligné Mazen Al Kassem, expert projet Innov’i. “C’est le signe d’un intérêt pour le crowdfunding”, a-t-il ajouté.
Selon les estimations de la Banque mondiale, le potentiel du crowdfunding en Tunisie peut atteindre les 2500 millions de dollars. Mais le chemin est encore long pour atteindre ce potentiel.
Le crowdfunding est l’allié de tout porteur de projet, a indiqué l’expert qu’il s’agit d’entreprises “de qualité” (à travers la dette), de startups (à travers l’equity ou l’auto-collecte) ou même les projets culturels, locaux, sociaux, …
À l’échelle mondiale, a noté Al Kassem, le don récompense représente 40 à 50% du marché global du crowdfunding. “La Tunisie ne peut pas se passer d’un outil aussi important et il faut passer les lois nécessaires qui lui permettent d’exister”, a-t-il souligné.
Pour l’expert, le crowdfunding de don récompense peut aider à réduire le chômage. “C’est le meilleur outil d’empowerment des jeunes puisque c’est le don récompense qui va permettre de lancer plusieurs startups, de financer des projets personnels, …”, a-t-il noté. Et d’ajouter: “Le crowdfunding peut même être un outil de refinancement des IMF qui se refinancent aujourd’hui par les banques”.
Le don récompense est un outil qui va être essentiellement déployé sur le lancement de l’entreprise. Ceci est particulièrement important parce que généralement, il n’existe pas autant de mécanismes de financement lors de cette première phase.
Le crowdfunding : un outil « élitiste »
Les plateformes d’épargne sont les sites de prêt et les sites d’investissement. Ce sont des plateformes de projets ou d’entreprises qui ont besoin de renforcer leurs fonds propres, trésorerie, et qui vont de l’autre côté essayer de séduire les épargnants. Ceci prend un important effort de marketing, surtout pendant les premières années, pour convaincre les gens de sortir leur argent de la banque pour le mettre dans un projet en crowdfunding.
Ces plateformes vont par contre favoriser les entreprises de haute qualité, car face à la concurrence, elles vont avoir peur de présenter des entreprises qui font faillite ce qui peut entacher leur réputation.
Ces plateformes sont donc très sélectives et ne vont accepter que des entreprises de très bonne qualité. C’est pour cela que le taux d’acceptation de dossiers est faible (de 1 à 5%). Il faut le savoir dès le début : ces plateformes ne sont pas faites pour toutes les entreprises.
Le don récompense est l’outil le plus efficace pour le collecte de fonds pour les startups. Ces plateformes permettent aux porteurs de projets de collecter de l’argent autour d’eux. Dans ces plateformes, les startups vont souvent proposer leurs produits en pré-vente, et ceux qui contribuent vont recevoir en contrepartie une attribution.
Les plateformes de dons récompense sont beaucoup plus ouvertes. Entre 30 à 50% des startups financent leur lancement par le don récompense.