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Slaheddine Hellara, Fondateur de l’IHET: « L’enseignement universitaire doit évoluer et consolider son ouverture sur l’international »

Comment se positionne l’IHET dans le paysage tunisien de l’enseignement supérieur privé ?

L’IHET compte aujourd’hui près de 1000 étudiants à Tunis, sachant que le nombre des étudiants fréquentant les universités privées est actuellement de 30 000 étudiants. De notre côté, nous accordons une importance à préserver une taille ‘’humaine’’ pour que notre service soit de la meilleure teneur possible. C’est réellement notre vocation depuis que l’IHET a été créé en 1998. Notre première promotion a reçu ses diplômés en 1999. En 2001, nous avons été parmi les 6 premières écoles à être agréées en Tunisie. Aujourd’hui, le paysage renferme quelques 78 universités agréées. L’IHET a une identité forte, c’est une école spécialisée dans la gestion et le commerce. Nous avons 4 dimensions de travail : la composante managériale (marketing, comptabilité, finance…), la composante informatique et IT (Business Intelligence, informatique appliquée à la gestion…), la composante juridique (droit des affaires…) et la composante économique (commerce international, économie appliquée à la finance et à la banque…). Nos enseignements s’inscrivent dans le cadre LMD agréé par l’État. En gros, nous proposons aujourd’hui 5 Licences et 18 Masters.

Quelles sont les spécialités phares des Masters professionnels ?

Nous avons travaillé la dimension professionnelle sur les quatre axes que je viens d’exposer mais aussi dans le marketing digital, les systèmes d’information, le contrôle de gestion, la comptabilité le contrôle et l’audit, le Marketing événementiel, le Marketing digital, le commerce international, le Marketing des produits de la santé…Ce sont les principaux secteurs qui embauchent nos étudiants en dehors du secteur bancaire.

En droite ligne de cette approche Pro, nous avons des spécialités proches du marché et le degré d’employabilité de nos diplômés est très fort, à tel point que nos étudiants sont embauchés à la sortie de l’IHET. Nous en sommes à 94% de taux d’employabilité au bout de trois mois. Les 6% qui restent ; soit ils décident de passer une année sabbatique, soit ils veulent prendre plus de temps pour décider de leur vie professionnelle.

Les cursus de l’IHET préparent-ils aussi les étudiants à créer leur propre entreprise ?

Absolument. Pour cela, nous avons créé notre incubateur depuis quelques années. Il s’agit d’un incubateur de projets qui accompagne nos étudiants à partir de l’idée jusqu’à la réalisation. Nous avons actuellement une dizaine de projets qui font ainsi leur cheminement chez nous, dont 3 qui sont en train de se transformer en projets prometteurs.

Vous les accompagnez avec du Mentoring ?

Exactement, mais pas seulement. Nous avons également la possibilité de travailler avec des ingénieurs, et cette synergie nous a beaucoup aidés pour le côté technique. Le fait que nous ayons aussi développé l’École supérieure d’ingénierie et de technologies appliquées (ESPITA) a permis un rapprochement entre les ingénieurs et les gestionnaires. Le gestionnaire apporte un esprit de métier, de développement, et l’ingénieur est dans ce même double esprit en plus de s’inscrire dans la création et la conceptualisation. Nous avons développé de nombreuses idées grâce à cette synergie.

Comment maintenez-vous l’employabilité de vos diplômés ? Êtes-vous constamment en veille ?

Nous avons un service à part entière totalement dédié à cela et qui prend d’ailleurs de plus en plus de poids et de primauté. Ce service s’occupe du suivi des études, des stages, des offres d’emploi, des recrutements. Il nous permet d’opérer les ajustements de rigueur et l’adaptation des offres de formation par rapport aux besoins. On ne s’ajuste pas sur le court terme mais plutôt par le biais de l’immersion dans la vie professionnelle. Bien entendu, nous faisons tout pour que nos étudiants bénéficient du plus grand nombre possible de stages en Tunisie et à l’international.

Restez-vous à l’écoute des besoins du marché et des entreprises en matière de métiers et de formations ?

Bien entendu, actuellement tout est orienté digital, blockchain et intelligence artificielle, que ce soit au niveau du banking, du commerce, de la gestion des ressources humaines, du commerce international, de l’assurance… Il est impératif d’anticiper dans ce type de formations avec de nouvelles pédagogies, des  enseignements interactifs, des rencontres avec des conférenciers et des entreprises pour permettre aux étudiants de palper la réalité et de se projeter vers les nouveaux métiers. Une tendance qui s’est accélérée avec la Covid-19. Nous avions une stratégie de digitalisation des cours qui a été accélérée de manière formidable.

D’ailleurs, comment avez-vous vécu cette période de confinement ?

À vrai dire, nous nous préparions à mettre en branle une plateforme en temps réel développée avec les étudiants à l’IHET pour septembre prochain ; mais au bout de seulement 15 jours, nous avons tout transformé ! Du coup, nous avons démarré à partir du 30 mars, comme si de rien n’était, et nous étions parmi les premières écoles à reprendre la totalité des cours. L’IHET est devenue une université totalement digitalisée à partir du 30 mars 2020.

Et les étudiants se sont-ils rapidement acclimatés ?

Nous avons un taux de présence qui dépasse les 95%, chiffres à l’appui. Mais, honnêtement, l’administration était derrière, exactement comme pour le ‘’présentiel’’ qui use des pratiques de suivi pour garder les étudiants motivés. Nous avons un engagement de formation mais aussi de service vis-à-vis des parents en matière de discipline et de sérieux. Alors, quand nous avons mis les cours sur la plateforme, nous avons fait le suivi, comme de juste : Feed Back, présence, ajustement, amélioration… D’où le taux de présence très élevé.

À la fin des cours, nous avons terminé l’année comme il se doit. Étant donné le confinement, nous avons réservé tout le mois de mai sur la plateforme pour les révisions. Tous les enseignants étaient là, motivés pour dédier un mois supplémentaire aux révisions des cours, de TD, projets… Il était remarquable de voir les enseignants fournir énormément d’efforts, car il ne faut pas oublier que le travail sur la plateforme n’est pas aussi simple que le travail en classe. C’est de l’individuel, de la préparation au quasi cas par cas, du soutien mental à chaque étudiant… Nous avons organisé ensuite une semaine de présentiel qui a permis de synthétiser sur ce qui devait l’être avant les examens proprement dits. Ce qui fait que l’année ne s’est pas seulement déroulée dans les règles de l’art, mais nous l’avons également étayée avec ce mois de révision. Au début, les étudiants avaient considéré cela comme du forcing mais, après coup, ils ont apprécié. Nous nous sommes dit qu’au cas où il y aurait une seconde vague de Covid-19, nous sommes prêts.

Quels sont les enseignements que vous avez tirés de tout cela ? Votre démarche est-elle une expérience que nous pouvons pérenniser d’année en année comme un modèle hybride entre digital et présentiel ?

Il est possible de véhiculer 30% d’enseignement sur une plateforme digitale et 70% d’enseignement présentiel. À mon avis, nous devrions avoir une offre en présentiel, une seconde avec des cours à distance et une autre en hybride. Chaque type de formation doit être sanctionné par un diplôme ad hoc, chaque formation doit être spécifique et son évaluation appropriée.

Quels challenges pédagogiques cette configuration pose-t-elle ?

Pour les présentiels, il y a deux axes de travail : l’axe digitalisation, numérisation des cours et des interventions et l’axe de l’approche pédagogique. Le métier de l’enseignant d’aujourd’hui est complètement différent de celui de ses homologues il y a quelques années. Il est tenu d’actualiser sa manière, sa méthode de travail, son approche et nos enseignants ont fait beaucoup d’efforts dans ce sens.

Il y a beaucoup d’approches (en pédagogie inversée, par l’étude de cas, par l’immersion…) et le but est de dire que l’enseignant n’est pas là uniquement pour dispenser des cours, que l’on trouve d’ailleurs sur le Net par exemple, mais pour apporter son expérience, son savoir-faire, pour expliquer.

Nous avons fait un travail de longue haleine depuis des années et nous avons accéléré les choses après ce qui s’est passé cette année.

Si nous nous sommes trouvés à l’aise, si nous avons pu engranger des résultats, c’est parce que nous avons osé ces anticipations. Par exemple, la plateforme dont je vous ai parlé, nous ne l’avons pas commencée il y a 15 jours ; c’est un travail de deux années et quand le moment est venu d’accélérer les choses, franchir le pas était devenu possible.

Maintenant, nous avons pris l’habitude de parler de mobilité, d’internationalisation des parcours. Dans le contexte actuel, il faut la tenter différemment et c’est ce que nous avons fait aussi bien avec les plateformes qu’avec les contacts directs.

D’après vous, qu’est-ce qui démarque le plus les étudiants qui sortent de l’IHET ?

Il y a une grande différence entre le moment où nos étudiants entrent à l’IHET et le moment où ils sortent. Nous nous attelons à un travail non moins important, celui d’assurer l’employabilité, l’immersion au sein du marché du travail, le rapprochement de l’environnement des affaires… Si nos étudiants gagnent quelque chose chez nous, c’est vraiment ce fort taux d’employabilité, cette notoriété et ce sérieux.

Nous avons des étudiants qui sont embauchés alors même qu’ils sont encore à l’IHET dans des radios, des journaux, des télés… Ils ont été remarqués à travers les clubs et les autres activités extra-universitaires qui permettent à nos entreprises-partenaires de détecter les profils qui les séduisent. Cela ne veut pas dire que tous les étudiants réussissent, car nous avons également des taux d’échec. Certains étudiants ne parviennent pas à bien travailler et donc ils échouent. Il y a d’autres qui ne parviennent pas à suivre le rythme de leurs collègues.

Et tout cela coûte cher…

Concernant les frais financiers, nous sommes dans une approche en rapport avec ce que nous voyons sur le marché et à l’international. Nous ne nous adressons pas uniquement à des étudiants qui ont les moyens. Si vous n’avez pas les moyens financiers et si vous voulez bénéficier de notre enseignement, il y a plusieurs possibilités : il y a les bourses émérites, les bourses d’excellence, nous faisons beaucoup d’offres pour aider dans les dossiers de crédit…

À partir du moment où l’étudiant réussit son test d’accès, nous pouvons étudier le plan de financement et choisir celui qui lui permet de devenir apprenant et à ses parents d’être le plus à l’aise possible. Les frais de scolarité sont très bien étudiés, pas très élevés, respectant l’évolution du pouvoir d’achat de nos concitoyens. C’est payant parce que le service est différent, la qualité est différente.

Quels sont les projets de l’IHET pour la période à venir ?

Nous avons de nombreux projets dans différentes directions. Nous investissons dans la direction pédagogique pour moderniser les méthodes et les moyens mis à la disposition des enseignants et des étudiants. Nous avons des projets de développement au niveau stratégique, des projets d’accompagnement des étudiants pour la création de leurs entreprises, des projets pour plus de partenariats professionnels, plus d’échanges d’expériences, plus d’ouverture sur le secteur.

Nous nous inscrivons également dans un cadre de consolidation de nos acquis avec les étudiants, les enseignants, les parents, les entreprises partenaires, les partenaires académiques, les partenaires internationaux…

L’enseignement supérieur privé a souvent été polémique et les doléances du métier incessantes…

Nous maintenons de bonnes relations avec notre tutelle (qui est la tutelle du secteur public comme celui du privé). Il est clair que le cadre LMD est à actualiser et à faire évoluer.

Les cahiers des charges doivent-ils évoluer encore ?

Indépendamment de cela, les programmes changent et le concept de diplôme a changé pour souligner l’apport en compétences. À ce niveau, il y a toute une révolution en cours et nous sommes, en Tunisie, amenés à nous ouvrir et à tout débattre pour essayer d’évoluer à la lumière de ce qui se passe ailleurs dans le monde, pour ne pas rester à la traîne.

Ce n’est pas une réforme de plus que nous attendons, mais simplement prendre acte de l’évolution très rapide des choses et de notre incontournable adaptation et ici, en tant que privés, nous sommes là pour apporter notre pierre à l’édifice.

Quand aux cahiers des charges et aux agréments, il va de soi que cela suit. À mon opinion, le plus important est notre évolution à tous. C’est sur cela que nous devons nous accorder.