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Intelligence artificielle: nouveaux outils, nouveaux enjeux

Au tout début, l’humain a découvert, domestiqué et maîtrisé le feu voilà de cela 450.000 ans. Il a su innover pour l’attiser et le préserver. Cette flamme ne s’est pas éteinte depuis. Bien au contraire, des innovations ont jalonné l’évolution de l’homo erectus au cours du temps. D’une évolution l’on est passé à des révolutions.

Des avancées qualitatives et des bouleversements se sont rapidement succédé, tout au long de l’Histoire, avec les progrès poussés des techniques et les perfectionnements enregistrés par l’industrie. La première révolution industrielle, au cours du XVIIIème siècle, a utilisé l’eau et la vapeur pour mécaniser la production notamment dans l’industrie textile et la métallurgie. La seconde, un siècle plus tard, a utilisé l’énergie électrique, le gaz et le pétrole pour la mise au point du moteur à explosion et lancer la production de masse tandis que la troisième, dans la deuxième partie du siècle dernier, a utilisé le nucléaire, l’électronique et la technologie de l’information pour automatiser la production.

Aujourd’hui, nous y voilà car, oui demain, l’organisation du travail en entreprise devra prendre en compte de nouveaux enjeux, parmi lesquels figure, en premier chef, celui du développement de l’intelligence artificielle (IA). Une nouvelle ressource à gérer et à encadrer. On le sait, l’IA a déjà intégré l’entreprise et démontré son efficacité. Elle permet, déjà aujourd’hui, d’optimiser la gestion des sociétés en connectant entre eux les différents moyens de production afin de permettre, en temps réel, leur interaction.

En cela, le développement rapide de l’IA, qui va aller en croissance poussée dans les années à venir, impose de repenser les stratégies managériales. D’abord, parce que de nombreuses tâches seront, demain, automatisées, ensuite, parce que de nouveaux métiers et de nouveaux acteurs vont inéluctablement émerger.

La quatrième révolution industrielle est donc en marche s’appuyant sur la troisième et sur la révolution numérique, cela a été dit, en place depuis le milieu du siècle dernier. Une révolution au développement exponentiel, caractérisée par cette osmose de technologies qui brouille les lignes des sphères physique, numérique et biologique pour venir bousculer les industries de tous les pays.

L’étendue et la profondeur de ces changements annoncent des transformations de systèmes entiers de production, de gestion et de gouvernance avec, en toile de fond, une entreprise qui n’est plus conçue comme une entité statique mais mouvante, fluctuante, en perpétuelle mutation nécessairement innovante. Sa survie future en dépend !

Sommes-nous sensibles et sommes-nous préparés à cette réorganisation du monde du travail, à ces nouvelles manières de faire et de produire dans un écosystème plus local qui se passerait d’intermédiaires ? Et plus les mois passent et plus l’intelligence artificielle s’installe dans nos conversations personnelles comme professionnelles, dans le débat politique, dans les conférences sur le numérique, le marketing, l’environnement, l’industrie.

L’Intelligence artificielle est devenue un sujet omniprésent. Si l’on en parle autant et de plus en plus, c’est qu’elle s’impose comme une évidence. Le seul problème est que, parfois, elle est présentée à travers des assertions, le plus souvent partisanes, comme une innovation qui va détruire un nombre important d’emplois. Certes avec les transformations digitales des entreprises, de nouveaux modèles d’organisation du travail vont indiscutablement dessiner de nouvelles logiques de production et de nouvelles perspectives d’innovation. Dès lors, au lieu d’une disparition d’emplois ces derniers sont appelés à se complexifier au fur et à mesure des avancées technologiques.

Revers de la médaille, toutefois, sommes-nous tous égaux devant ces profondes mutations que l’industrie va connaître dans les années à venir ? L’on parle déjà de « illectronisme », un néologisme associant illettrisme et électronique qui est de plus en plus courant pour décrire ce qui est perçu comme un déficit de compétences dans l’utilisation des technologies de l’IA. De plus, un autre sujet revient fréquemment sur la table, celui de la fracture numérique.

Cette fracture numérique, tout le monde en parle également. Elle décrit les inégalités, non seulement sociales mais également régionales, dans l’accès aux technologies de l’information et de la communication, leur utilisation et leur impact. Ainsi, plutôt que de démocratiser, Internet perpétuerait-il la domination cognitive d’une élite ?

Il faudrait, dès lors et afin de lever tout équivoque, penser à des stratégies et politiques à déployer, par les pouvoirs publics, avec l’intention de réduire cette fracture numérique. Ceci d’autant plus que la pluralité des usages du numérique est appelée à revêtir une importance particulière au regard des objectifs envisagés de dématérialisation des démarches administratives dont une, parmi les exemples, est celle de la carte de soins rendue disponible tout récemment et qui n’en est qu’un reflet… Répondant à ce souci, certaines universités tunisiennes ont développé des cursus d’enseignement afin de préparer les compétences de demain !

Mais que l’on ne s’y trompe pas, il serait vain de croire que l’on ne s’est aperçu qu’au beau milieu du XXème siècle que l’humain avait aussi un cœur.

Car en dépit de leurs avancées actuelles et à venir, les capacités de l’intelligence artificielle et émotionnelle ne pourront jamais aussi bien parler aux hommes que les hommes eux-mêmes. En réalité et de fait, l’on s’est surtout finalement aperçu que « homo economicus » était plus productif en groupe qu’isolé et qu’en créant une conscience d’appartenance sociale à l’intérieur même de l’entreprise, on fédérait les équipes et on augmentait alors la productivité et la rentabilité. Au final, c’est en maîtrisant les nouveaux process qu’il sera alors possible d’organiser la synergie de toutes les forces de travail dans l’entreprise et ce sans perte d’emplois. À nous de suivre. Car si la machine ne crée pas le génie; il est permis d’avancer que l’intelligence collective montre qu’elle en a les moyens.