Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir nos meilleurs articles et du contenu exclusif directement dans votre boîte mail.

Les métiers de la mer sont notre avenir. L’IMFMM vous donne la clé pour vous y projeter.

Située au cœur de la Méditerranée, la Tunisie a depuis longtemps considéré la mer comme étant une ressource clé. Les Carthaginois ont même réussi à dominer la Grande Bleue des siècles durant. Mais l’intérêt pour la mer semble pâlir ces dernières années au moment où l’intérêt mondial pour l’économie bleue augmente considérablement. L’Institut Méditerranéen de Formation Aux Métiers Maritimes veut rectifier le tir en offrant des formations dans divers métiers de la mer. Pour découvrir le potentiel et les besoins de l’économie maritime, Le Manager est allé à la rencontre de Imed Zammit, directeur général de l’IMFMM. Interview.

Pourquoi un institut de formation des métiers maritimes ?

L’institut a été fondé en 2009, à l’initiative du ministère du Transport, dans le cadre d’une collaboration entre l’État tunisien et l’État français et en partenariat entre le secteur public et privé pour satisfaire les besoins de formation dans les spécialités liées aux métiers de la mer. Au départ, nous avons commencé par la formation de matelots pour la marine marchande, avant d’élargir notre offre au transport et logistique pour lequel nous délivrons des diplômes de BTP et de BTS conformément à la législation en vigueur régissant la formation professionnelle. L’étude initiée en 2014 par l’institut portant sur les besoins de formation maritime en Tunisie a montré que le secteur maritime n’arrive pas à trouver une main-d’œuvre et du personnel encadrant qualifiés, et lorsqu’un employé du secteur maritime part à la retraite, on peine à le remplacer. En outre, les professions maritimes ne sont pas bien promues et les jeunes manquent de sensibilisation aux opportunités offertes par les carrières bleues.

Pouvez-vous nous éclairer plus sur les formations que vous dispensez ?

Les formations que nous offrons sont à trois niveaux : formations initiales, formations complémentaires liées aux conventions internationales de l’Organisation Maritime Internationale notamment de la convention  »STCW » ainsi que les formations continues spécialisées dans les domaines de la sécurité, sûreté et la protection de l’environnement marin. Pour la formation initiale, l’IMFMM dispense des formations pour l’obtention de diplômes de Matelot Pont, Matelot Mécanicien, Capitaine Côtier  »C500 » et de motoriste 750 KW dans le domaine de la marine marchande en plus de diplômes de technicien en transport et logistique et de brevet de technicien supérieur en Transport et Logistique Multimodale. Deux nouvelles spécialités dans le domaine de la navigation de plaisance sont offertes à partir de septembre 2020, en l’occurrence le brevet de constructeur aménageur en marine de plaisance et le brevet d’agent de maintenance et de mécanique nautique. Il est à préciser que l’institut est doté d’un simulateur de navigation et d’un simulateur machine de haute technologie. Depuis le lancement de l’IMFMM, nous comptons plus de 570 diplômés avec un taux d’employabilité de 75%. Il faut savoir que pour les spécialités de la marine marchande, nos diplômes sont reconnus à l’échelle internationale. Nos diplômés peuvent donc s’exporter partout dans le monde. En ce qui concerne les métiers du transport et de la logistique, nous sommes heureusement bien implantés au cœur du port de Radès, ce qui donne à nos diplômés un avantage clé en termes d’employabilité.
Par ailleurs, et dans le cadre de la décentralisation, nous avons aussi ouvert deux centres de formation à Kerkennah et à Zarzis. À travers ces centres, nous souhaitons nous rapprocher des jeunes dans les régions. Pour le centre de Zarzis, nous souhaitons également accéder au marché de formation maritime libyen.

L’IMFMM a-t-il noué des liens avec le secteur privé ?

Étant le fruit d’un partenariat public-privé, nous avons de bonnes relations avec l’écosystème entrepreneurial. D’abord, il faut noter que notre Président du conseil d’administration n’est autre que le Président de la Fédération nationale du transport et que sur les 12 membres du conseil d’administration, 6 représentent le secteur privé. Indéniablement, le secteur privé est un acteur clé dans l’élaboration des orientations stratégiques de l’institut ainsi que dans la mise en place de formations capables de répondre aux besoins réels du secteur. Nous sommes également en train de développer des partenariats avec plusieurs entreprises pour permettre aux majors de promotion de certaines spécialités d’être directement embauchés par nos partenaires. Néanmoins, nous ne nous sommes pas arrêtés là. Nous avons aussi établi des partenariats avec plusieurs autres instituts similaires à travers la Méditerranée. En 2016, nous sommes devenus un partenaire régulier du programme West-Med qui a pour objet la croissance de l’économie bleue en méditerranée initié par l’Union Européenne, ce qui nous a permis de financer trois projets en relation directe avec la promotion de ce qu’on appelle aujourd’hui des carrières bleues (bleue jobs).

Pouvez-vous nous en dire plus sur ces projets ?

Absolument. Le premier projet est baptisé « Common Maritime Education System » qui regroupe l’IMFMM, l’académie de Gênes et l’École nationale supérieure maritime de Marseille. Avec ces établissements maritimes spécialisés, nous sommes en train d’élaborer trois cours pilotes en logistique, en cybercriminalité maritime et en simulateur de navigation. Ces cours communs vont être accrédités par les autorités compétentes et permettront par conséquent à nos diplômés d’être reconnus à l’échelle méditerranéenne. Le deuxième projet intitulé « Med Skipper » regroupe l’Espagne, Chypre, la Grèce et la Tunisie et vise à répondre à la demande croissante pour le métier de skipper, chargé de la gestion des navires privés de plaisance. Le 3ème projet, Youth Employment Project, compte quant à lui 11 partenaires appartenant à ces pays : Espagne, France, Italie, Liban, Égypte, Jordanie et Tunisie. Comme son nom l’indique, ce projet vise à faciliter l’intégration des jeunes diplômés dans le marché de l’emploi. Grâce à ce projet, nous allons créer des entreprises virtuelles dans les différents métiers du domaine maritime. Nos étudiants auront la possibilité d’appliquer leur apprentissage dans un environnement proche du monde réel et d’échanger avec les entreprises virtuelles mises en place par d’autres membres à travers la Méditerranée. Et pour être en étroite connexion avec la réalité, ces entreprises virtuelles vont devenir membres de la Chambre syndicale des transitaires et la Fédération nationale du transport. Ce projet est en cours de préparation et sera lancé dès septembre prochain pour s’étaler sur trois ans.

L’IMFMM s’est-il ouvert au marché africain ?

Tout à fait. Nous comptons parmi nos étudiants plusieurs ressortissants de pays de l’Afrique subsaharienne tels que le Burkina Faso, le Gabon, la Guinée ou encore la Côte d’Ivoire. Il est à souligner que l’IMFMM a formé plusieurs groupes d’inspecteurs de contrôle des navires par l’état du port pour le compte des autorités maritimes guinéenne et mauritanienne, et que nous avons l’intention de développer davantage nos relations avec le marché maritime subsaharien. Dans ce même contexte, il est à savoir que notre institut est homologué par les autorités maritimes libyennes. Ainsi, notre centre est ouvert aux citoyens libyens souhaitant se former dans les métiers de la mer.

De quelles formations la Tunisie a-t-elle besoin pour tirer pleinement profit de son potentiel maritime ?

Les métiers bleus sont l’avenir de la Tunisie. Au milieu des années 50, on estimait la part de la population occupant les zones côtières à 30%. Aujourd’hui, ce taux est passé à plus de 70%. Autrement dit, la mer représente un élément de plus en plus important de la vie des citoyens, aussi bien pour le transport, le commerce, la navigation de plaisance, la pêche, l’énergie renouvelable marine, la biotechnologie marine, le divertissement ainsi que la recherche des énergies fossiles off-shore. Les besoins pour ces différentes spécialités est lui aussi de plus en plus grandissant. Et à l’IMFMM, nous comptons aller encore plus loin pour pouvoir répondre à tous ces besoins. En effet, dans le cadre de la stratégie quinquennale de l’institut, il est prévu de dépasser le cadre de la formation professionnelle pour devenir une académie maritime. Ceci va nous permettre d’inclure de nouvelles spécialités notamment la construction et l’architecture navale ou encore la réparation de grands navires, tous des métiers qui ont le vent en poupe.

Quel est votre message aux jeunes?

Dans les années 90, j’enseignais à l’École de la Marine Marchande de Sousse, et je suis fier de voir que nombreux de mes étudiants sont aujourd’hui des armateurs de renom qui ont fait leur preuve partout dans le monde. Tous les praticiens, les professionnels et les experts du domaine Maritime s’accordent à ce que les côtes et les mers représentent une source de croissance et d’emplois pour les années à venir. Des professionnels hautement qualifiés et compétents sont nécessaires pour atteindre la croissance Bleue. Aux jeunes, je dis que les métiers de la mer sont prometteurs aussi bien pour ceux à la recherche d’un emploi, mais aussi pour ceux souhaitant se lancer dans l’entreprenariat.