“Il est important de bien expliquer les conséquences du mal-être au travail, que ce soit d’un point de vue humain avec les services RH mais aussi d’un point de vue financier avec les PDG et les dirigeants”.
Patrice Touraine, responsable du Business Development de l’entreprise Agilea SAS, se confie sur l’importance d’adopter des réflexes ergonomiques pour éviter le mal-être physique, se traduisant le plus souvent par des troubles musculo-squelettiques (TMS) mais également psychologiques.
Patrice Touraine confirme que la rencontre de ces facteurs ne peut être que négative pour l’entreprise et qu’ils doivent faire l’objet d’un traitement commun. C’est pour cela que, selon ses propos, il insiste sur la possibilité d’établir un parallélisme entre la réponse RH, qui est de nature humaine, et celle d’ordre économique, de nature financière.
Le responsable du Business Development de l’entreprise Agilea affirme sa préférence de favoriser le bien-être au travail car il estime qu’un employé avec une bonne santé psychologique et une bonne posture ergonomique va se projeter dans l’entreprise sur le long terme, tout en étant épanoui.
Patrice souligne la notion de cercle vertueux issu d’une bonne gestion en amont des risques au travail. C’est un élément extrêmement stimulant pour les directions des services RH d’opérer cette gestion des risques au travail et d’opérer une véritable politique de prévention pilotée par la direction.
Quant aux PDG, CFO qui ont dans leurs préoccupations un volet plus financier, le responsable du Business Development d’Agilea déclare qu’ils doivent prendre conscience qu’un collaborateur qui ressent un mal-être au travail va être certainement sujet à l’absentéisme, à des arrêts de travail ou à d’autres facteurs impactant l’entreprise. Car, d’après l’expert, une mauvaise ambiance peut engendrer un turnover important et donc la déstabilisation des équipes de travail, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur la marque employeur.
La santé au travail est avant tout un débat juridique global
Sur la question du choix du Royaume-Uni comme exemple à suivre en matière de réglementation, Patrice Touraine atteste que contrairement à l’Europe continentale, elle est caractérisée par un pragmatisme inhérent à son rapport à la règle juridique et c’est ce qui a permis de légiférer très tôt et de manière précise sur l’obligation des employeurs à traiter le sujet de l’ergonomie au travail.
Patrice appuie la présence d’une corrélation positive entre une mauvaise posture au travail et le déclenchement de troubles musculo-squelettiques qui peuvent se déclarer après 5 ans ou même 10 ans sur des personnes avec des âges médians autour de 35-40 ans, sujets à de nombreuses années passées au travail avec une mauvaise posture.
C’est pour cela que le Royaume-Uni impose aux employeurs de faire le suivi régulier et continu de la posture au travail. Ainsi, il en a découlé un document “DSE Assessment” (Assessment of Display Screen Equipment), qui est un outil d’évaluation ergonomique d’un collaborateur.
Sous forme de questionnaire, il aide à valider les “best practices”, la bonne posture à adopter au travail… et c’est ce qui explique qu’aujourd’hui, la grande majorité des employeurs anglais respectent l’obligation juridique qui impose de fournir cette certification à la demande des autorités britanniques de santé (HSE : Health & Safty Executive).
Patrice déclare à ce sujet que c’est un processus assez formel, avec un certain nombre de questions, qui permet de valider si la personne a bien compris les “best practices” au travail en termes d’ergonomie et par la suite, le collaborateur atteste de sa compréhension pleine et entière des bonnes pratiques au travail et que son environnement est ergonomiquement adéquat pour un usage régulier au travail.
Après étude de la situation en Europe et spécialement en France, Patrice affirme que les textes de loi basés sur la législation européenne sont beaucoup plus généraux et évasifs puisque “la loi est beaucoup plus vague et que le droit français ne va pas jusqu’à l’explication de comment l’employeur doit travailler à l’amélioration des conditions de travail mais il impose comme objectif aux employeurs français de former et informer les employés.”
Dans ce cadre, le cofondateur et CEO de Agilea SAS affirme que son approche s’est greffée sur l’obligation du droit anglais dans le cadre de la santé au travail. Et ce, pour répondre aux problématiques des lois françaises et par extrapolation à la loi européenne.
Patrice Touraine affirme que les efforts d’Agilea se sont tournés vers la création d’un logiciel d’expertise métier qui permet d’automatiser toutes les actions liées: au télé-enseignement, à l’ergonomie au travail et au télétravail, qui est devenu auprès des employeurs un sujet hautement critique, à cause du déclenchement de la pandémie de la Covid-19 et de l’instauration du télétravail forcé lors du confinement général.
D’ailleurs, il souligne au sujet de la crise sanitaire mondiale que la plupart des problématiques rencontrées ces derniers six mois sont dues essentiellement à l’impréparation de certains employeurs qui n’ont pas su réaliser le suivi des salariés en télétravail et sur le long terme.
Enfin, l’utilisation des écrans (smartphones, tablettes…) dès le plus jeune âge, aboutira à n’en pas douter à la diminution de l’âge médian d’apparition des TMS. Un élément que les entreprises auront de plus en plus intérêt à prendre en compte dans le futur.
Pour plus de détails sur la question des TMS et des RPS, la Rédaction vous conseille de lire le dossier du mois, “Santé mentale en entreprise, il est temps d’en parler”, dans le nouveau numéro papier du magazine le Manager, actuellement disponible dans les kiosques.
Vous avez des questions ?
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux ou contactez-nous et nous vous répondrons dès que possible.