Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir nos meilleurs articles et du contenu exclusif directement dans votre boîte mail.

Entreprises, il est temps de repenser votre engagement sociétal

Même avant la crise du Covid, il était clair que les entreprises jouent un rôle sociétal de plus en plus important. Avoir la recherche du profit comme unique leitmotiv n’est plus un modèle viable. Les entreprises sont plus que jamais appelées à faire de leur responsabilité sociétale un moteur stratégique. Akrem Hadded, CEO H-CORP, nous donne quelques éclaircissements.

L’enseignement à distance a rapidement pris le devant de la scène, en cette période de confinement. Suivre ses cours de chez soi est devenu, pour des milliers d’étudiants et d’élèves, une réalité. En revanche, tout le monde n’a pas pu en profiter … par manque d’équipements nécessaires. Face à cette réalité, une startup tunisienne a décidé d’agir. Trust IT, spécialisée dans la réparation de matériel informatique, a lancé une large campagne de collecte de devices qu’elle a ensuite amélioré et réparé pour être distribués à ceux dont ils ont besoin.

Une approche plus pérenne de la responsabilité sociétale

“À travers cette action, Trust IT a mis son expertise au profit de la communauté, tout en restant sur son axe stratégique principal”, a indiqué Akrem Hadded, CEO H-CORP. “C’est la nouvelle tendance mondiale en terme d’action sociale”, a-t-il expliqué. La jeune pousse n’était certainement pas la seule à se mobiliser pour renforcer les efforts nationaux de lutte contre la pandémie. Le contexte Covid a impulsé une dynamique nouvelle quant à l’engagement de l’entreprise dans la société. La grande majorité des actions entamées dans ce cadre se partagent une caractéristique clé : il s’agit d’actions philanthropiques ponctuelles.

“À travers ces actions, les entreprises essaient de démontrer leur engagement envers leur communauté”, a indiqué l’expert. “Les entreprises ne s’attendent pas à des retours financiers suite à ces actions”, a-t-il indiqué. Selon l’expert, ceci n’est pas la seule approche pour aborder l’engagement de l’entreprise, ni la meilleure. “Ces actions sont de nature non-pérennes dont l’existence est fragile, s’agit-il d’un effort qui n’entre pas dans le corps business de l’entreprise”, a-t-il indiqué. “Un simple changement dans le management, ou une baisse des revenus peut condamner ces initiatives à disparaître.

Ceci peut avoir des implications néfastes sur les communautés bénéficiant d’un tel soutien, en développant une dépendance des ressources philanthropiques fournies par l’entreprise. Cette dernière peut donc inhiber, involontairement, le développement de solutions plus durables, explique Hadded. Cette approche purement philanthropique, explique l’expert, a deux principaux inconvénients. D’abord, les actions entamées par les entreprises sont généralement limitées dans le temps, sans impact de long terme. Aussi, cette approche fait de l’engagement social un centre de coût, ce qui menace la longévité de telles initiatives.

C’est pour cela qu’il faut mettre davantage l’accent sur la philanthropie stratégique, selon notre interlocuteur. Plus orientée sur la création de valeur, cette approche fait que les actions lancées par les entreprises sont alignées avec son core business et crée de la valeur derrière son engagement. L’initiative de Trust IT est l’une des rares actions de philanthropie stratégique, souligne Hadded. Ailleurs, dans le monde, les initiatives sont nombreuses : Cisco qui met à la disposition des plus démunis, gratuitement, des formations en informatique qui permet d’améliorer leur chance de trouver un emploi décent. “C’est de la digitalisation inclusive”, souligne Hadded.

Un écosystème propice

En mettant l’accent sur le côté social des entreprises, la crise du Covid a permis à l’entrepreneuriat social et solidaire de revenir sur le devant de la scène. Faut-il renforcer leur présence dans le tissu économique local, et comment le faire ? Si les entreprises sociales sont sous les feux des projecteurs, c’est parce qu’elles ont le mérite de créer de la valeur économique tout en ayant un impact sur leur communauté. Cette spécificité fait que ces entreprises peuvent envisager du scale up, contrairement, par exemple, aux associations tributaires de la générosité de leurs bailleurs de fonds, indique Hadded.

Encourager l’entrepreneuriat social revient, selon l’expert, au développement d’un écosystème qui lui est propice et le renforcement de ces piliers principaux. D’abord, les fournisseurs de services entrepreneuriaux financiers et non financiers. “Les fournisseurs non-financiers ont pour mission de mettre en relation les entreprises à travers des marchés de sous-traitance cotraitance”, explique Hadded. Ajoutant que “dans le cadre de l’entrepreneuriat social, on parle de mise en relation responsable”. Ici, les entreprises peuvent intégrer l’écosystème d’une façon inclusive et en créant un satellite de startups qui peuvent améliorer la qualité des intrants ou faciliter l’atteinte des marchés finaux.

De leur côté, les entrepreneurial connectors se positionnent entre le monde de l’entreprise et le monde académique et de la recherche. Ceci englobe les associations, professionnels, les clubs d’entrepreneuriat, etc. Ces derniers doivent eux aussi intégrer une approche sociale plus importante pour permettre le développement des entreprises sociales.