
La Banque mondiale vient de publier son rapport trimestriel sur l’économie tunisienne. Le constat est loin d’être rose, même en tenant compte des effets de la crise mondiale.
“Le constat de l’impact de la pandémie sur l’économie tunisienne a été sévère et les coûts d’atténuation ont davantage nui aux finances publiques du pays, déjà particulièrement dégradées. Aussi, les perspectives s’annoncent difficiles et incertaines”, lit-on dans le rapport.
Après une contraction attendue de 9,2% en 2020, la croissance devrait temporairement s’accélérer pour se situer à 5,8% en 2021 à mesure que les effets de la pandémie commencent à s’atténuer, avant de revenir à une trajectoire plus modérée de près de 2% d’ici à 2022, en raison des défaillances structurelles préexistantes.
Les risques à la baisse qui pèsent sur ces perspectives sont importants, au vu de l’ampleur de la deuxième vague de la pandémie qui continue de sévir et de son impact sur les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie. Dans le même ordre d’idées, on s’attend à ce que le déficit du compte courant commence à s’améliorer avec la reprise des exportations, quoiqu’à un rythme lent et incertain. Les perspectives budgétaires misent sur un cadre budgétaire serré et une marge de relance budgétaire limitée, l’impact de la pandémie devant s’étendre jusqu’en 2021.
Les risques budgétaires liés à la croissance incessante de la masse salariale, aux subventions, aux retraites et à la faible performance des entreprises publiques commencent à se faire concrètement sentir et, à défaut d’être gérés de manière proactive, risquent de compromettre les efforts de relèvement engagés. Devant cette conjoncture difficile, la prochaine mesure importante que la Tunisie se doit d’entreprendre pour passer avec succès au travers de cette crise consiste à élaborer un programme cohérent de relance de l’économie et de réhabilitation de la crédibilité du cadre macroéconomique. La première priorité consiste, bien sûr, à sauver des vies, à travers le contrôle de la pandémie et la mise à disposition, de la population, de vaccins contre le virus Covid-19.
Les autorités ont réussi à bien gérer la première vague de la pandémie et à endiguer la contagion, grâce aux mesures de confinement décrétées aussitôt que la pandémie a frappé et à leur stricte application. Mais la deuxième vague dépasse de loin la première et de nouvelles mesures de confinement sont instaurées, quoique moins strictes que les premières. Beaucoup d’efforts sont également entrepris pour préparer le déploiement de vaccins, la Tunisie étant membre de l’initiative de la Banque mondiale pour le financement de l’achat et de la distribution de vaccins, de tests et de traitements. C’est également en réhabilitant la crédibilité du cadre macroéconomique qu’on arrive à jeter des bases nécessaires à une reprise plus durable de la croissance.
Plus particulièrement, il s’agit de mettre l’accent sur le financement durable de la relance, de manière à gérer les niveaux d’endettement. Cela exige de restructurer les finances publiques en endiguant la masse salariale, en faisant passer l’aide sociale des subventions aux transferts ciblés et en maîtrisant les risques budgétaires induits par les entreprises publiques, le tout dans l’objectif de dégager plus de ressources en faveur de l’investissement public et de la relance. Au vu de l’espace budgétaire limité et de la position extérieure fragile du pays, le pivot du plan de relance réside dans l’engagement de réformes structurelles visant à stimuler les performances du secteur privé.
La relance se trouverait freinée en l’absence de programme ambitieux qui ravive la croissance des entreprises.
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