
Les prix des céréales ont connu une importante hausse sur les marchés internationaux. “Cette hausse est de 40% durant le deuxième semestre 2020”, a précisé Aymen Oueslati, spécialiste des marchés financiers à Londres. “Les prix vont augmenter encore plus”, prévient-il.
Il s’agit là, d’après l’expert, d’un résultat des perturbations qu’a causé la pandémie mondiale. “En 2020, la demande a considérablement augmenté vu que plusieurs pays ont voulu constituer un stock stratégique pour se prémunir contre d’éventuelles fermetures des frontières”, explique-t-il.
De l’autre côté, et pour les mêmes raisons, les pays exportateurs ont mis en place des mesures pour garder autant que possible leur production sur le marché local. La Russie, l’un des principaux fournisseurs de la Tunisie en blé, a imposé une taxe de 45 euros par tonne sur le blé exporté. “Ceci représente une hausse de plus de 20% par rapport au prix du tonne qui se situe aux environs des 200 € par tonne”, a indiqué Oueslati.
Tous ces facteurs, et bien d’autres, ont fait que le stock mondial des céréales est à son plus bas niveau depuis 7 ans.
Il va sans dire que ceci risque d’avoir d’importantes conséquences sur la Tunisie qui, en 2020, a importé plus de 4.3 milliards de dinars en céréales. “Avec une hausse de 40% des prix, il faut s’attendre à une augmentation de 1.5 milliard de dinars de la facture de 2021”, estime Oueslati.
Pour les agriculteurs, ceci peut se traduire en une hausse des prix du fourrage. “Ceci met les éleveurs dans une situation délicate puisque la demande a connu de son côté une chute importante. “D’un côté, la demande des hôtels et des restaurants est à son plus bas niveau avec l’absence de touristes”, explique l’expert. “De l’autre, les familles tunisiennes touchées de plein fouet par la crise essaient de réduire leur consommation en viande”, a-t-il ajouté.
Et pour le blé et l’orge, toute hausse de prix devrait avoir des conséquences importantes sur la caisse de compensation ― déjà en situation difficile.
Y a-t-il une solution pour sauver la saison ?
D’après Aymen Oueslati, le gouvernement peut agir sur la demande en ajustant, à la hausse, les prix. L’expert a en revanche noté qu’il serait difficile d’appliquer une telle mesure dans le contexte sociopolitique actuel.
Le gouvernement dispose aussi de la carte de la production. Augmenter l’output du secteur agricole peut contribuer à réduire l’importation des marchés internationaux. Ceci dépend bien évidemment de plusieurs facteurs, et pas que météorologiques. Rappelons à cet égard que le Synagri a lancé, la semaine dernière, un appel au gouvernement pour fournir l’ammonitrate sur le marché local.
Leith Ben Becher, membre du bureau exécutif du Synagri, a averti que si le gouvernement n’agit pas à temps, la production agricole peut chuter de manière considérable.
Peut-être que nous serons contraints de nous serrer la ceinture ― au vrai sens du terme !
Vous avez des questions ?
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux ou contactez-nous et nous vous répondrons dès que possible.