« À l’heure où la croissance de l’Europe et des États-Unis s’effondre, les États arabes du Golfe – Qatar, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Bahreïn – affichent une réussite insolente. Sport, médias, marché de l’art, fonds d’investissements : ils sont devenus des acteurs incontournables de l’économie mondiale. Hier perçus comme des régimes poussiéreux enfantés par la rente pétrolière, ils incarnent désormais un nouvel Eldorado où se pressent Occidentaux en quête de marchés et migrants asiatiques séduits par l’éclat du Gulf Dream qui tantôt fascine, tantôt rebute ».
Voilà ce que disait déjà en 2013 notre confrère de France Culture en rendant compte du livre de Caroline Piquet, professeur agrégé et docteur en histoire et maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne « Les pays du Golfe : de la perle à l’économie de la connaissance : les nouvelles terres du libéralisme » (Paris, Armand Colin, 2013, 224 p).
Une mutation que les pays de la région du Golfe arabe n’ont cessé de respecter. Conscients des transformations énergétiques notamment avec la fin du pétrole et de l’apparition des énergies renouvelables, mais aussi les réformes pour diminuer l’émission de CO2, ils ont changé, pour ainsi dire, leur fusil d’épaule.
Et cela semble leur avoir quelque part réussi pour attirer les investisseurs. En témoigne sans doute le classement des pays du Golfe dans l’index de la liberté économique de l’Heritage Foundation et dans le classement Doing Business établi par la Banque mondiale concernant la facilité de faire des affaires. Les Émirats arabes unis sont pour l’un et l’autre classement parmi l’élite mondiale (18ème pour la liberté économique et 16ème pour le Doing business).
Une « tolérance zéro »
La remarque concernant l’épuisement de la manne pétrolière qui a poussé les Émirats arabes unis à s’orienter vers d’autres voies est à relativiser concernant ce pays. Dans la mesure où l’émirat de Dubaï, le principal centre économique des EAU, n’a jamais compté sur ses réserves pétrolières qui ne représentent rien par rapport à son voisin Abu Dhabi (80% des réserves des Émirats). 94% des recettes publiques de Dubaï proviennent cela dit de secteurs non pétroliers.
Tout semble tenir, selon de nombreuses études, dans une vision tracée depuis les années soixante-dix, avec la naissance des EAU, centrée sur un développement axé sur trois piliers fondamentaux : le recrutement des meilleurs talents, la mise en place d’une logistique et d’une infrastructure moderne et un management qui retient ce qu’il y a de meilleur au niveau international notamment chez les anglo-saxons.
À cela il faut ajouter une politique rigoureuse qui respecte le principe de la « tolérance zéro ». En clair, on ne badine pas avec les écarts. Autre facteur important : une forte réactivité avec une mise en place au plus vite de ce qui est meilleur et une correction aussi rapide des imperfections.
Les EAU ont défrayé plus ou moins la chronique en décidant, début février 2021, d’ouvrir la porte de la naturalisation des étrangers. Une ouverture qui semble bien prudente si l’on croit les journaux émiratis qui évoquent les « investisseurs, les personnes dotées de talents particuliers ou les spécialistes tels que des scientifiques, médecins, ingénieurs, artistes ou intellectuels ».
Une décision qui est considérée comme un pas de plus en vue de retenir ceux qui créent la richesse d’un pays où les nationaux ne sont que 10% de la population. Et qui s’inscrit dans le droit-fil de cette vision qui se poursuit bon an mal an.
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