Selon la théorie de la vitre brisée (Broken Window Theory), les imperfections de l’environnement et la détérioration de l’espace public engendrent chez l’individu un sentiment d’impunité et déclenchent en lui un comportement d’incivilité. Selon cette hypothèse, en fonction de l’apparence et de l’état de l’espace/environnement dans lequel il se trouvait, l’individu aurait deux comportements possibles. Si l’espace est propre et organisé, l’individu percevra l’existence d’un système, des lois, des règles. Il a ainsi tendance à se comporter correctement et à maintenir l’espace en bon état. Dans le cas contraire, un milieu abîmé, sale,… envoie un signe d’un laisser-aller, d’un espace en état d’abandon, de la faiblesse ou de l’absence d’un système. Dans ce cas, l’individu tend à devenir incivilisé, anarchique et voire même sauvage.
Cette conclusion ressort de la fameuse expérimentation du Broken window, menée par George Kelling en 1982 et popularisée par le même auteur dans un ouvrage publié en 1996.
Elle est, depuis, largement adoptée par les décideurs et les politiques dans des domaines variés, tels que l’urbanisation, la lutte contre le vandalisme, la pollution, les politiques anti-corruption, etc.
Cette théorie s’applique bien à notre situation et à notre quotidien. La détérioration des systèmes d’entretien des villes, de collecte de déchets, d’aménagement… tout le monde « go wild » y compris les citoyens les plus civilisés qui finissent par se faire emporter par le courant anarchique.
Comment peut-on inverser tout cela ?
Dans les années 1990, la ville de New York était parmi les villes les plus dangereuses aux États-Unis, la plus sale et la plus anarchique. Le maire de la ville et la direction de la police, de cette époque, ont alors décidé d’appliquer les recommandations apportées par la Broken Window Theory.
Ils ont amélioré les systèmes d’entretien, de nettoyage et de collecte de déchets dans tous les quartiers et les rues de la ville. Une politique sécuritaire et de contrôle a aussi été mise en place.
Au bout de quelques mois, la ville de NY a commencé à changer. Les citoyens sont devenus de plus en plus respectueux des règles et des normes sociales (respect des voisins, des biens publics, cohabitation…). La ville était maintenue propre et les taux de criminalité et de vandalisme ont baissé.
Il est clair que pour en arriver à ce niveau de maturité dans notre société, il faut de la volonté citoyenne.
Une volonté portée par une élite qui croit que rien n’est irréversible. À titre d’exemple, si les habitants s’engageaient à maintenir leurs quartiers propres avec l’aide de la société civile, la municipalité… ceci pourrait, à long terme, se transformer en un mouvement susceptible de faire germer une responsabilité sociale à la fois individuelle et collective.
Si un groupe d’individus se mettait à trier ses poubelles, à faire du compostage ou encore à refuser les produits polluants…, scientifiquement, on aurait la certitude que cela induirait un changement auprès de toute la communauté. Car s’il y a des imperfections et que personne ne s’en occupe, le résultat sera sans doute l’anarchie. Ce sont les petits détails du quotidien qui donnent le sentiment d’être dans un système sans lois.
Toutefois, seul un mouvement avec une taille critique suffisante pourrait inverser la donne et créer des normes sociales fortes et capables de remettre de l’ordre dans notre société.
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