Teamwill Consulting, un des leaders Européens des métiers du Crédit et des Financements Spécialisés, accompagne ses clients, les grandes banques et les filiales leasing des grands groupes automobiles, dans leurs projets de transformation digitale grâce à ses 500 consultants dans 7 pays. Son fondateur Anis Chakroun, pur produit de la graine de génie tunisien, titulaire d’un diplôme d’ingénieur en génie industriel de l’ENIT, revient sur les secrets de cette réussite qui s’est étendue au-delà de l’hexagone. On a vite fait de comprendre que cet exploit est né d’un rêve qui s’est transformé en une réalité portée par une vision et une stratégie déployée dans une atmosphère des plus sereine. Derrière, il y a un stratège tranquille qui croit à la force du collectif. Interview.
Parlez-nous du domaine d’expertise et des activités de Teamwill ?
Teamwill Consulting est devenue en un peu moins de 17 ans, un des leaders Européens des Solutions Métiers et SI dédiées exclusivement aux crédits et aux financements spécialisés. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros en 2020 et prévoyons d’atteindre 50 millions d’euros en 2021. L’expertise de Teamwill s’articule principalement autour de trois axes allant du conseil en stratégie IT et la transformation digitale au pilotage et l’accompagnement des grands projets métiers, en passant par l’intégration globale et les solutions progicielles.
Dans quels pays opérez-vous ?
Aujourd’hui, nous opérons dans 7 pays : la France, siège du Groupe, le Royaume Uni, la Belgique, l’Espagne, le Portugal, le Maroc et bien évidemment la Tunisie où nous avons lancé l’entité la plus ancienne du Groupe. Nous accompagnons nos clients dans une vingtaine de pays (Etats Unis, Corée du Sud, Chine, pays de l’Afrique francophone et anglophone). Nous intervenons auprès de trois catégories de clients. D’abord, les grands groupes bancaires comme la Société Générale, Santander ainsi que des filiales de financements spécialisés comme par exemple BNP Personal Finance (Cetelem), Crédit Agricole Consumer Finance, qui distribuent les crédits à la consommation et les leasings. Nous opérons également auprès des filiales leasing (captives) des constructeurs automobiles, comme par exemple PSA Banque, RCI Banque, Toyota Financial Services, Volkswagen Financial Services. Et dernièrement, nous avons intégré dans notre portefeuille les Fintech comme Ma French Bank.
La Tunisie ne représente-t-elle pas un terrain de prédilection pour ces catégories de clientèle ?
Oui évidemment ! Nous intervenons auprès des grandes banques de la place à l’instar de la BIAT et d’Attijari Bank pour offrir nos services portant sur des projets de digitalisation et de consulting en matière de Solutions métiers et de Systèmes d’information. Nous avons par exemple accompagné le groupe Attijari Bank dans le cadre de ses projets de transformation digitale au siège et dans ses principales filiales.
L’idée du projet a-t-elle émané des besoins exprimés sur le marché ?
J’ai débuté ma carrière en France chez un éditeur de progiciels sur les financements spécialisés : j’ai eu la chance de participer à la mise en œuvre de plusieurs projets informatiques. J’ai remarqué que les cabinets de conseil qui nous accompagnaient avaient du mal à développer et capitaliser sur les compétences requises pour réussir la mise en œuvre des solutions IT sur le marché des financements spécialisés. C’est à partir de ce constat que nous avons eu l’idée en 2004 de lancer notre propre entreprise de consulting. En 2011, nous sommes passés avec succès à une étape de scale-up nous permettant de pénétrer le marché européen et développer notre activité.
Concernant vos filiales, est-ce qu’elles offrent toutes les mêmes services ou bien elles sont spécialisées chacune dans un domaine ?
Nous sommes restés concentrés sur notre domaine d’expertise: les crédits et les financements spécialisés, afin de répondre aux besoins spécifiques de nos clients, leur proposer des innovations adaptées et les aider à réussir leurs projets. Ce choix de la spécialisation nous a permis de nous imposer aussitôt en tant qu’expert et acteur majeur. Le travail avec des clients Grands Comptes nous a également permis de rapidement développer notre activité à l’Europe. Chaque filiale offre toute notre gamme de services. En ce qui concerne le marché africain, il est caractérisé par une forte bancarisation aux dépens des financements spécialisés. Pour répondre à ces besoins exceptionnels, nous avons décidé d’étendre notre gamme de services en plus des financements spécialisés aux métiers de la banque et aux services financiers.
S’agissant des financements spécialisés, vous limitez-vous aux véhicules ou étendez-vous votre gamme à d’autres services ?
Le domaine des financements spécialisés est caractérisé par une grande variété de produits : crédits automobile, crédits consommation, crédits travaux mais également produits de leasing (court, moyen et longue durée), crédit bail, permettant de financer avec souplesse quasiment tout type d’opérations. Le comportement du consommateur a fortement évolué : il n’est plus intéressé par la propriété et préfère plutôt la consommation des services pour satisfaire des besoins périodiques ou changer à tout moment. On parle d’une « économie de l’usage » et nos clients bancaires ou automobiles sont de plus en plus créatifs dans la proposition de nouveaux produits.
Les changements dans la mentalité du consommateur et dans les tendances du marché, vous poussent-ils à faire évoluer votre gamme de services ?
Nous aidons nos clients à faire face à ces évolutions rapides en les accompagnant dans la conception et la mise en œuvre de solutions innovantes sur les axes métiers et systèmes d’information. Par exemple le marché du leasing pour les particuliers est particulièrement développé au Maroc : nous avons accompagné les groupes Maghreb Bail et Wafa Bail dans la mise en œuvre d’un nouveau produit de Location avec Option d’Achat (LOA). Ce produit offre le droit d’usufruit du bien au client avec la possibilité d’accéder à la propriété au terme du contrat de crédit-bail tout en bénéficiant tout au long de la période de la location des services connexes.
Pour votre développement, avez-vous opté pour des opérations de croissance externe ou bien pour une croissance organique ?
Jusqu’à 2018, notre croissance était pleinement organique : nous avons agrandi notre équipe et mis en place des plans de développement des compétences et de transformation des parcours. Depuis deux ans, nous avons décidé de saisir la piste de croissance externe : nous avons réalisé quatre opérations de croissance externe qui nous ont permis de nous ouvrir sur de nouveaux marchés et étendre notre offre de services. Nos filiales en Belgique (Teamwill Benelux), au Maroc et au Portugal ont été ouvertes via le rachat d’une entité externe. Nous avons également acquis un éditeur de logiciel spécialisé dans les solutions de digitalisation ainsi qu’un concurrent nouvellement installé en France. Malgré la Covid et ses répercussions, nous avons réussi à atteindre un taux de croissance exceptionnel de 7% en 2020.
Selon vous, quels sont les points forts sur lesquels vous vous appuyez dans votre stratégie de prospection ?
Nous sommes parvenus à nous imposer, principalement grâce à notre expertise, notre savoir-faire et l’image que nous avons pu bâtir. Afin de renforcer notre positionnement et consolider davantage notre image, nous participons aux grands événements du secteur comme Leaseurope dans lequel participent tous les acteurs Européens du secteur des financements spécialisés. Au Maroc, nous avons collaboré avec une entité qui travaille sur la lutte contre la fraude et la conformité réglementaire sur le marché des financements. Nous espérons reproduire la même expérience en Tunisie. Le travail de développement de l’image de la société nous a permis de consolider notre réputation, fidélisant nos compétences et valorisant leurs contributions.
Depuis quatre ou cinq ans, notre activité se développe à un rythme accéléré, ce qui nous a permis de gagner des appels d’offres face à de grands cabinets de conseil.
Avez-vous gagné face à ces géants grâce à une offre financière compétitive ou bien c’est le côté technique qui prévalait ?
C’est essentiellement grâce à notre savoir-faire que nous gagnons des parts de marché : nous pouvons intervenir sur les différentes composantes (besoins métiers, paramétrage de progiciels, déploiements multi pays) des projets de transformation digitale dans le domaine des financements spécialisés.
Quels sont les challenges et les mutations auxquels font face les entreprises en interne lors des transformations digitales ?
La digitalisation impacte fortement le modèle de distribution des crédits avec de moins en moins de réunions clients en face à face et un décloisonnement des équipes internes. Nous accompagnons les équipes de nos clients à gérer ces changements importants.
Dans cette période d’incertitude et de crise pandémique, est-ce que vous estimez que les besoins des clients ont beaucoup évolué ?
La Covid a accéléré la digitalisation des achats et des processus ainsi que le travail à distance. Nous avons pu renforcer notre position grâce à nos offres de services et gagner de nouveaux projets.
Quels sont les principales attentes et besoins des entreprises aujourd’hui ?
Aujourd’hui, il n’est plus question de vendre de simples produits financiers. Il est devenu nécessaire de proposer aux clients une expérience qui va adresser la totalité de la sphère de ses besoins, y compris potentiellement non bancaires. Le consommateur est à la fois beaucoup plus exigeant et moins captif. Pour les acteurs du financement spécialisé, c’est désormais la course à celui qui rendra le parcours client le plus agile possible, tout en personnalisant la relation. Tout l’enjeu, à l’heure du digital, est de pouvoir capter le client, le placer dans un canal de vente, et lui proposer une offre qui répond à ses besoins. En particulier ce qui fera la première différence entre les acteurs du financement, c’est la capacité à finaliser la proposition sur le lieu de vente, concomitamment à l’acte d’achat, que ce soit sur site ou en ligne.
Comment imaginez-vous Teamwill dans les années à venir ?
Nous avons déjà renforcé notre position et nous visons un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros cette année pour un effectif de 500 personnes. Nous avons entamé un nouveau cycle de croissance intitulé Le temps de l’excellence et du leadership qui nous permettra de réaliser d’ici 2024, 100 millions d’euros de chiffre d’affaires et compter mille collaborateurs. Pour atteindre ces objectifs, nous avons mobilisé les ressources humaines nécessaires. J’ai, à cet égard, recruté un directeur général Olivier Le Hénaff, doté d’une grande expérience au sein de cabinets de grande renommée. Nous avons fait, également, notre première levée de fonds il y a trois mois. Cette levée de fonds a permis l’intégration de BNP PARIBAS DEVELOPPEMENT, comme actionnaire minoritaire mais nécessaire pour pouvoir avancer et concrétiser nos projets sur leurs différents volets. Nous nous sommes engagés, aussi bien avec nos clients qu’avec nos salariés, sur la voie du développement et de l’excellence.
Quelle est votre stratégie de développement en Tunisie ?
La Tunisie est devenue un « Delivery Center » au cœur de la stratégie du groupe permettant d’adresser les clients locaux, africains et européens…. Afin d’accompagner ce développement, nous triplerons nos effectifs en Tunisie pour atteindre 300 collaborateurs.
Songez-vous à une introduction en bourse après 2024 ?
Le moment n’est pas opportun d’en parler aujourd’hui. La question se posera une fois que nous aurions atteint l’objectif de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Votre mot de la fin
C’est grâce à notre culture d’entreprise, bâtie collectivement tout au long de cette aventure entrepreneuriale, que nous avons pu réussir. Le dosage approprié, je dirais même subtil, entre l’excellence, l’esprit d’intiative et les services de qualité offerts à nos clients et à nos partenaires nous a permis de perreniser notre modèle.
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