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Hedi Ben Abbès : “Les décisions prises par Saïed sont légitimées par le contexte »

Hier soir, le Chef de l’Etat Kaïs Saïed a gelé le Parlement et limogé Hichem Mechichi. Entre les partisans et les « contres », chacun y va de son commentaire, parfois objectif, souvent subjectif, Hédi Ben Abbès, ancien secrétaire d’État chargé des Affaires de l’Amérique et de l’Asie au sein du gouvernement Hamadi Jebali et titulaire d’un master en droit apporte son éclairage.
“Nous sommes dans un temps exceptionnel qui traite d’une situation exceptionnelle. Il est évident qu’il peut y avoir un conflit entre la légalité et la légitimité“ a d’emblée lancé Hédi Ben Abbes.


Hedi ben Abbes a mentionné des dépassements des prérogatives du chef de l’Etat aux vues de la constitution. Toutefois, il explique qu’ils sont légitimés par le délitement de l’Etat et de ses institutions. Et d’insister: « celui-ci est considéré plus grave que les dépassements des prérogatives du chef de l’Etat”. Ainsi, les juristes puristes pourraient interpréter ceci comme un coup d’Etat mais la question est aujourd’hui d’essence politique. C’est désormais inadmissible “de laisser le chef de l’Etat jouer le procureur dans un Etat respectueux des périmètres de chacun des pouvoirs”. C’est pour cela que le peuple doit rester vigilant.
La démocratie n’est-elle pas la volonté du peuple? a-t-il souligné. Ce dernier a soutenu hier les décisions du Chef de l’Etat, autre légitimité.
Ces décisions, même-si discutables sur le plan juridique, la lecture y compris juridique changent complètement lorsqu’on les inscrit dans un temps révolutionnaire. Le peuple a manifesté sa volonté d’un profond changement.

Quelles seront les prochaines étapes ?


Hedi Ben Abbès a souligné que le Chef de l’Etat doit parler au peuple dans les heures qui viennent et présenter clairement son plan de crise.
“Il faut qu’il s’engage publiquement à remettre tous les pouvoirs en fonction de la constitution tunisienne en présentant un plan de sortie de crise pour rétablir les institutions de l’Etat en respectant la volonté du peuple”, a-t-il ajouté .
Le nouveau gouvernement doit être désigné et mis en place dans les plus brefs délais (48h à 72h). De même, il est important que le ministre de la justice puisse prendre rapidement la main pour séparer le pouvoir judiciaire de l’exécutif.
Le chef de l’Etat peut jouir de ses propres en fonction seulement de ce que la constitution lui attribue. “Il n’est jamais question qu’on rentre dans la logique du pouvoir unique”, a-t-il précisé.
Et pour conclure Ben Abbes, a insisté sur l’importance du sens de la responsabilité du peuple en ces moments délicats. “Il faut qu’on prouve au monde entier qu’on est un peuple civilisé. J’appelle la population tunisienne à ne pas céder à la provocation et garder le sang froid. Ils doivent protéger leur pays avant tout.” Et d’insister: « On ne défend pas les personnes, on défend notre pays et nos institutions”.