“Une relation avec un pervers narcissique est une relation gagnant-perdant”, lance Séhil Triki. En effet, toute relation avec un pervers narcissique se fait au détriment de l’autre partie, qui est vampirisée par le pervers narcissique.
Fort de nombreuses années d’expérience, Séhil Triki nous apporte des éclairages sur les personnes dites « pervers narcissiques » et nous guide sur la marche à suivre lorsqu’on est confronté à ce type de personne dans le contexte professionnel. En effet, Séhil Triki est thérapeute depuis près de 15 ans. Il est également Maître enseignant en Programmation Neuro-Linguistique, en Hypnose, en Sophrologie et en Mindfullness.
Comment identifier et réagir au plus tôt face à ce type de personnalité ?
Séhil Triki évoque la complexité du sujet : “Il faut savoir poser rapidement un diagnostic sans tomber dans le cliché qui consiste à croire qu’il y a un pervers narcissique derrière toute relation conflictuelle au travail.” Pour lui, les pervers narcissiques sont des personnes malades qu’il faut éviter à tout prix. Dans le milieu du travail, elles manipulent et vampirisent les collaborateurs et collègues.
Il raconte un exemple vécu avec l’un de ses amis qui a travaillé avec un supérieur hiérarchique pervers narcissique. Il y a plusieurs années, lorsqu’un de ses amis proches a été confronté à ce problème au travail, il lui a recommandé de quitter son poste. Il est parfois nécessaire d’aller jusque-là. Lorsque ce n’est pas possible, il faut mettre en place des stratégies pour pouvoir poursuivre son travail dans de bonnes conditions.
Le pervers narcissique est-il malade ?
Séhil Triki précise que le pervers narcissique souffre d’un trouble de la personnalité, donc une maladie qui est indiquée dans le manuel des troubles mentaux : “Dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), on trouve la description du “trouble de la personnalité narcissique”, catégorie à laquelle appartiennent les pervers narcissiques.”
Les médecins diagnostiquent un trouble de la personnalité narcissique quand, de façon persistante, la personne a une perception exagérée de sa valeur, un besoin d’admiration et un manque d’empathie. Pour être diagnostiqué comme souffrant de ce trouble, une personne doit présenter au moins cinq des signes suivants : un sens exagéré et non fondé de son importance et de ses talents (mégalomanie), être absorbée par des fantasmes de succès illimité, d’influence, de pouvoir, d’intelligence, de beauté, ou d’amour idéal, croire qu’elle est spéciale et unique et qu’elle ne devrait fréquenter que des personnes du plus haut calibre, avoir besoin d’être admirée sans réserve, penser que tout lui est dû, exploiter les autres pour parvenir à ses propres fins, manquer d’empathie, envier les autres, croire que les autres l’envient et être arrogant et hautain.
Séhil Triki fait bien attention à caractériser le trouble par la présence de plusieurs signes : “Un seul signe pris à part n’est pas signe de trouble. Le fait qu’une personne manipule une autre personne n’est pas non plus un critère de diagnostic.”
La manipulation est-elle synonyme de perversion narcissique ?
Séhil Triki insiste sur la différence entre manipulation et perversion narcissique. Pour lui, le terme de pervers narcissique est galvaudé et à la mode, certains ont tendance à coller cette étiquette à tort et à travers. Il faut être très prudent dans l’utilisation de ce terme.
En effet, il explique que le terme « manipulation » est neutre et signifie « faire faire quelque chose à quelqu’un » : “Il y a souvent une connotation négative dans l’usage de ce mot. Pourtant, il existe une manipulation positive qui fait partie de notre quotidien. La publicité, la vente sont des formes de manipulation positive. La motivation et le management bienveillant également, dans le cadre d’une relation professionnelle « gagnant/gagnant ».”
Comment identifier un pervers narcissique ?
Séhil Triki définit plus précisément le terme de pervers narcissique. Il y a deux concepts derrière le terme « pervers narcissique » : la perversion, qui implique pour la personne d’aimer faire mal aux autres, et le narcissisme, qui décrit une personne tournée entièrement vers elle et vers ses intérêts. Le pervers narcissique est une personne manipulatrice qui trouve son plaisir et un intérêt dans le fait de faire mal aux autres. “Une relation avec un pervers narcissique est une relation gagnant-perdant”, affirme-t-il
Triki prévient contre la capacité du pervers narcissique à atteindre ses cibles : “Le pervers narcissique peut mettre en place différentes stratégies selon son interlocuteur et peut changer de stratégie pour arriver à ses fins. Il cherche toujours à identifier le point faible de la personne pour la manipuler.”
Il opte ensuite pour une ou plusieurs stratégies autour des axes : vendre du rêve ou faire envie, user de son autorité, faire peur ou menacer, jouer sur un sentiment de culpabilité.
Comment faire lorsqu’on a à interagir avec un pervers narcissique au travail ?
Selon Triki, le constat est sans appel : “La seule solution viable avec un pervers narcissique est de couper la relation.” Malheureusement, ce n’est pas toujours possible, surtout dans le contexte professionnel. Heureusement, des choses simples peuvent être mises en place pour limiter les impacts.
La première consigne est d’éviter les confidences : “Le « mode opératoire » du pervers narcissique étant de détecter le point faible de la personne pour la manipuler et lui faire mal, il faut s’abstenir de lui faire la moindre confidence, puisqu’il s’appuierait sur les informations qu’il détient pour détruire.”
La consigne suivante est de se détacher émotionnellement. Il faut bien comprendre que le pervers narcissique ne ressent aucune émotion et considère les autres comme des objets. Les personnes généreuses et empathiques sont leurs proies favorites. Il est vital de savoir se couper de ses émotions et de ne montrer aucune forme d’empathie lorsqu’on a affaire à un pervers narcissique. “L’interaction idéale avec ce type de personne doit s’apparenter à une interaction avec un objet : il ne ressent rien, vous ne ressentez rien !”, a déclaré Triki.
Il a ajouté de privilégier la communication écrite lorsque cela est possible et de limiter les interactions avec lui au strict minimum en appliquant les précédentes recommandations.
Il conclut avec la seule attitude qui est adaptée selon lui aux pervers narcissiques : la rupture. “Couper les liens demeure la meilleure solution. Si votre manager est un pervers narcissique, il vaut mieux démissionner. S’il n’est pas possible de démissionner, demandez à changer de poste lorsque la mobilité est possible. En dernier recours, rassemblez des preuves contre lui pour l’amener à sortir de la boîte, en gardant trace des mails ou des messages. Car un pervers narcissique nuit à toute l’entreprise par son comportement”.
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