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Des banques « nature positive », la nouvelle tendance de la finance mondiale

Les revendications en matière de respect des normes environnementales par les banques ne cessent de se durcir. Les dernières tendances font que les institutions financières doivent non seulement maîtriser les émissions de leurs clients, mais aussi l’effet de leurs prêts sur la nature. C’est une opportunité pour ces bailleurs de fonds pour expliquer comment leurs clients qui utilisent leurs capitaux affectent la nature, la biodiversité, la qualité des terres et de l’eau.

Cela devrait se transformer progressivement en des exigences de reporting. L’objectif est d’aider les banques à se concentrer sur la quantification de la valeur de la nature, qu’il s’agisse des risques cachés liés à sa disparition ou des opportunités liées à sa reconstitution. La performance climatique est même devenue un facteur clé pour le prix des actions et la valorisation des actifs.

Cette importance provient du constat du Forum économique mondial qui a estimé que plus de la moitié de la production économique mondiale (environ 44 000 milliards de dollars) dépend modérément ou fortement de la nature.

L’instauration de nouvelles obligations poussera les banques à être nature positive, en leur demandant d’investir davantage dans la nature pour compenser l’impact sur la perte de biodiversité ou le défrichement des terres provenant d’activités au sein de leurs portefeuilles de prêts.

Les opérateurs économiques sont en train de passer d’un état de compréhension du risque de crédit climatique à un état d’action réelle. En plus de réduire les risques liés aux investissements et aux actifs existants, cette nouvelle dimension aidera également les banques à créer de nouveaux produits de prêt verts et à activer de nouveaux marchés, notamment en favorisant les crédits commerciaux liés à la nature.

 

Difficultés pratiques

 

Pour les banques, le défi majeur consiste à déterminer où les fonds prêtés sont dépensés. Cela sera nécessaire pour déterminer si l’activité des clients se déroule dans des zones où la biodiversité peut être affectée. Cependant, de nombreuses banques n’enregistrent pas la géolocalisation des activités de prêt.

Un autre problème consiste à comprendre la nature précise de l’activité menée avec l’argent prêté, ce qui peut obliger les banques à poser davantage de questions sur l’objet des prêts.

Ainsi, les institutions financières doivent commencer à cartographier, mesurer et surveiller les risques, les impacts et les dépendances des prêts à l’aide de cadres d’évaluation et de divulgation des risques établis. Cela suggère d’effectuer des stress tests liés à la nature sur les bilans et d’intégrer la biodiversité dans les politiques de financement durable.

C’est une énorme opportunité qui s’offre aujourd’hui pour pousser encore l’économie vers plus de respect de la nature. Toutefois, son ampleur ainsi que les risques pour le secteur financier sont tellement importants pour qu’ils soient gérés sur une base institutionnelle individuelle. Une coopération inter-banques est indispensable.

Les banques tunisiennes, dont certaines ne respectent pas les obligations de reporting pour des aspects plus basiques, ont une lourde tâche qui les attend pour rattraper ce retard. Cela devrait constituer une priorité absolue pour les années à venir, car nous ne devons pas rater le train de la finance verte, principal levier de la transformation économique.