Le cas Servicom est l’un des plus compliqués actuellement parmi les sociétés en difficulté et qui sont cotées en Bourse. Ce n’est pas une première que le premier responsable jette l’éponge face à une situation délicate.
Les états financiers 2021, publiés avec quatre mois de retard, affichent un résultat net de -3,063 MTND, ce qui porte les fonds propres à -32,857 MTND. Les résultats reportés et en attente d’affectation sont de -75,769 MTND. La société a besoin d’une injection immédiate de fonds.
Les comptes publiés sont ceux sociaux et ne reflètent donc que les dividendes perçus des filiales. Les états financiers consolidés montrent des revenus de 4,640 MTND. Les créances clients sont de 20,516 MTND, dont 11,185 MTND provisionnés, autrement dit qui ne seront jamais remboursées. Pour rappel, le plan stratégique 2021-2024 avait estimé le résultat 2021 de 0,539 MTND et un chiffre d’affaires de 11,760 MTND.
Le groupe souffre de graves difficultés de trésorerie qui l’empêchent de respecter ses engagements sur le marché obligataire. Une assemblée générale spéciale des obligataires, tenue en octobre 2019, avait décidé de restructurer la cotation de l’emprunt obligataire (SERVICOM 2016), en donnant un nantissement sur les titres des sociétés Servicom Industrie et Servitrade. Malgré cela, la holding n’a pas procédé au paiement de la première échéance de l’emprunt obligataire après restructuration, prévue le 12 décembre 2020.
Cerise sur le gâteau, la demande d’arbitrage introduite contre le fonds d’investissement américain GEM, et qui a porté sur un dédommagement d’un montant de 60 MTND, a été perdue à la suite de la décision d’arbitrage prononcée le 6 décembre 2021. GEM a également obtenu gain de cause dans sa demande reconventionnelle dans le cadre de la même affaire, et Servicom a été condamnée à payer l’essentiel des frais de l’arbitrage.
Tous ces éléments ont poussé les commissaires aux comptes à s’inquiéter sur la capacité de la société à continuer son exploitation. Les fonds propres de la société mère, des filiales Servicom Industrie, Servicom Prefa et Servitel sont devenus en deça de la moitié de leurs capitaux sociaux respectifs fin 2021. Par ailleurs, la filiale Servitra a été mise en faillite en janvier 2022, ainsi que Servicom IT depuis janvier 2020.
La société a besoin aujourd’hui d’un plan de sauvetage. Le rôle du conseil d’administration est central dans cette affaire. Il faut mettre en place une stratégie claire et, surtout, réalisable. En Bourse, les pertes sont déjà énormes et le titre a clôturé à 0,830 TND. Le carnet des ordres montre 84 283 actions offertes à tout prix, ce qui annonce un début de semaine délicat. Dossier à suivre.
Vous avez des questions ?
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux ou contactez-nous et nous vous répondrons dès que possible.