Face au Coronavirus, les gouvernements du monde entier ont déployé divers stratégies dans le but de ralentir la propagation du virus. C’est dans ce cadre que l’Université centrale a invité trois anciens ministres de la Santé pour mettre sous les feux des lumières les stratégies déployés par leur gouvernement. Il s’agit de Samira Merai de la Tunisie; Abdou Fall du Sénégal et Nora Berra de la France. Détails.
La Tunisie, le Sénégal et la France: les moyens ne sont pas les mêmes mais la volonté de lutter contre le Coronavirus est identique. Du côté de l’Hexagone, le système de santé est “robuste” et ce aussi bien au niveau des équipements que des ressources humaines, a indiqué Nora Berra, ancienne ministre de la santé en France. Ceci n’est certainement pas le cas en Tunisie où l’infrastructure est nettement moins performante. Pis encore, les hôpitaux n’étaient pas prêts, ni en termes d’équipements ni en termes de plan de préparation pour faire face à une pareille crise, a souligné de son côté Samira Merai. L’ancienne ministre a aussi déploré le manque de moyens de protection pour le cadre médical. La situation est loin d’être meilleure dans les hôpitaux sénégalais, comme le reconnaît l’ancien ministre de la santé du pays, Abdou Fall. Ici, le seul moyen d’éviter une catastrophe est de sensibiliser les citoyens. “Prévenir est notre seul salut”, a-t-il indiqué.
Le rôle vital du citoyen
La réalité est que, aussi importants soient-ils, les moyens déployés par les États ne pourraient avoir d’impact qu’avec la collaboration et l’implication des citoyens. Ces derniers jouent en effet un rôle crucial dans la lutte contre la propagation du virus. Et c’est cette prise de conscience qui a relativement sauvé la France, estime Berra, qui juge la situation dans son pays de “grave mais pas désespérée”. Affirmant: “Les citoyens ont accepté les restrictions imposées par le gouvernement afin de ralentir la propagation de la maladie, surtout que le ratio de contagion du virus est bien supếrieur à celui de la grippe ordinaire”. A vrai dire, depuis la tenue de cette conférence, les contaminations ont connu une croissance exponentielle en France. Cette conscience est, malheureusement, moins prononcée du côté tunisien, malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation lancées par l’État mais aussi par la société civile.
Mot clé: urgence
Cependant, Merai reproche au gouvernement quelques lacunes dans sa stratégie initiale qui, selon elle, ont contribué au passage rapide au niveau 3. De fait, l’ancienne ministre a affirmé que le ministère a, du moins au départ, “sous-estimé l’ampleur de cette maladie”. Selon elle, le ministère n’a pas déployé une stratégie qui permet le dépistage rapide des Covid+, reposant essentiellement sur le contrôle à l’aéroport avec indication de confinement individuel pour les arrivants. Selon elle, les tests ont été réservés aux personnes ayant les symptômes avec une capacité de seulement 200 tests par jour. Et d’ajouter : “Malheureusement, nous avons reçu en moins de deux semaines plus de 70 mille ressortissants et nos moyens étaient rapidement dépassés”. En plus, ces personnes n’ont pas respecté le confinement, a-t-elle précisé. Au sénégal, par contre, l’anticipation était le mot d’ordre de l’action gouvernementale. “Une réunion a été convoquée par le président de la République bien avant la détection du premier cas de Covid-19”, a souligné Abdou Fall. Cette anticipation a permis, selon lui, de prévoir les moyens nécessaires et de mettre en place des dispositifs pour la prise en charge. Aussi, le système de surveillance épidémiologique dont jouit le pays a contribué à détecter les tous premiers cas de Covid+ et d’agir rapidement pour arrêter la chaîne de contagion. Il s’agissait de touristes français, italiens et espagnols. En revanche, une deuxième vague de porteurs du virus a été détectée, cette fois-ci auprès des sénégalais de retour dans le pays pour participer à des manifestations religieuses.
Peut mieux faire
Et c’est là que les premiers cas de contamination communautaire ont été détectés. Aussitôt, le gouvernement a décidé une nouvelle batterie de mesures, notamment la fermeture des frontières et des écoles, ainsi que la réduction des horaires de travail et l’interdiction du transport inter-région. “Nous avons essayé autant que possible d’éviter d’aller au confinement”, a souligné l’ancien ministre. “Notre but est la rupture de la chaîne de transmission”. Pour la Tunisie, les mesures de confinement et de couvre-feu ont été accompagné d’actions visant à renforcer la capacité du secteur de la santé à faire face à la pandémie. Ainsi, le ministère a décidé de dédier des établissements publics et privés pour les patients Covid+. Cependant, il n’était pas possible de prévoir la portée de la contamination afin de mieux planifier l’action gouvernementale. Et pour cause: le manque de tests de dépistage du virus, selon Merai. L’ancienne ministre a appelé dans ce cadre à permettre au secteur privé de participer aux efforts de dépistage, élément qu’elle a jugé essentiel.
Il est clair que cette pandémie a mis à couvert les lacunes des systèmes de santé à travers le monde, aussi bien pour les pays riches que les moins fortunés. Avons-nous appris la leçon ?
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