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Comment les professionnels des chiffres font face à la crise ?

Certes, la profession d’expertise comptable ne fait pas l’exception. Les conditions sont difficiles pour tous. Je veux revenir sur certains aspects spécifiques qui rendent l’exercice de notre métier particulièrement périlleux. Tout d’abord, en interne, la mise en place du télétravail n’a pas été de toute facilité. Ensuite, les clients peuvent eux-mêmes être en difficulté et requérir une assistance.

En France, on remarque que les cabinets qui avaient déjà l’habitude d’utiliser les outils numériques ou l’intelligence artificielle (comme des logiciels OCR) n’ont presque pris aucun retard et rencontrent peu de difficultés dans la situation actuelle. A l’inverse, les autres cabinets qui n’avaient pas réalisé cette transition rencontrent plus de difficultés. En Tunisie, excepté des Big Four, il y a très peu de cabinets comptables et experts comptables qui ont opté pour la digitalisation de leurs workflow. Les professionnels se trouvent obligés donc pendant la période de confinement de repasser au cabinet pour chercher certains documents. En même temps, les collaborateurs rencontrent des problèmes techniques pour travailler à distance… Dans ce cas, lorsque le travail à distance est trop compliqué et n’a pas été bien envisagé, le chômage partiel est envisageable.

L’occasion ou jamais de digitaliser

Dans ce sens, la startup tunisienne XPR qui est spécialisée dans la digitalisation et la conduite du changement a réalisé un sondage adressé aux comptables et experts comptables pour mesurer leurs perceptions quant au travail à distance. Les résultats sont encourageants. En effet, 60% des cabinets interrogés se disent prêts à adopter une stratégie de digitalisation s’il existe un outil collaboratif assurant un échange sécurisé des données entre les managers et les collaborateurs d’un côté, et le cabinet et ses clients d’un autre côté. Il est clair que c’est l’occasion ou jamais d’effectuer cette transition numérique, en commençant d’ailleurs par demander aux clients de numériser des documents (voire de les prendre en photo), ou utiliser des applicatifs.

Par ailleurs, Les difficultés se font également ressentir vis-à-vis des clients, avec qui il est très important de garder contact, car eux aussi traversent une période difficile comme on peut l’imaginer. Malgré les mesures prises par le chef du Gouvernement pour diminuer l’impact de la crise, les entreprises se trouvent dans l’impossibilité d’établir des prévisionnels. Car en cette période, les prévisionnels seront forcément incertains, voire incorrects, même si par nature les professionnels des chiffres « n’aiment pas trop l’incertitude ».

Actuellement, la facturation des prestations exceptionnelles est un sujet tabou, mais qui a été abordé par les cabinets et leurs clients. On doit être d’accord sur le fait que des remises ou des reports sont tout à fait envisageables, la période étant particulièrement difficile pour les entreprises et les clients des cabinets en général.

Un des confrères membre de l’OECT (qui préfère garder l’anonymat), explique d’ailleurs qu’il ne réalise pas de lettre de mission en ce moment: « Nous sommes en situation d’urgence. C’est comme si un médecin demandait un certificat d’assurance avant de soigner un malade, cela n’a pas de sens. Il faut se comporter humainement face à des chefs d’entreprise qui traversent une période difficile ».

Quant au respect des délais, il est important que tous les professionnels des chiffres feront en sorte de rentrer dans les délais légaux selon le décret-loi du chef du Gouvernement n°2020-6 du 16 avril 2020. Même s’il manque quelques factures, vaut mieux rien changer. L’essentiel, c’est la survie des clients.

Enfin, il faut noter qu’il aurait pu être bénéfique en cette période de crise, si l’Ordre des Experts Comptables et la Compagnie des Comptables Tunisiens, auraient prévu un service d’assistance pour les cabinets en difficulté.