Pour les startups, toute crise est une nouvelle opportunité. La pandémie du coronavirus est cependant différente. Avec une économie mondiale en berne et des milliards de personnes en confinement, l’adaptation s’avère une tâche difficile même pour ces jeunes entreprises. Que faire alors ?
Pour répondre à cette question, Startup Grind Tunis a organisé, le 15 avril dernier, une conférence en ligne animée par Mohamed Salah Frad, président de l’Association tunisienne des investisseurs en capital. Frad est aussi le country manager du fonds UGFS ainsi que membre du Collège des Startups.
Selon Frad, il est clair que la situation est difficile. Cette crise inédite a, en revanche, mis à couvert plusieurs manquements que les startups peuvent transformer en opportunités. “Mon conseil aux jeunes entrepreneurs qui pensent à baisser les bras, et je sais qu’il y en a plusieurs, est de pivoter pour tirer pleinement profit de ces opportunités”, a-t-il déclaré.
Mais avec une économie qui s’apprête à connaître sa plus profonde crise, que peut une jeune startup faire pour survivre ? Selon l’investisseur, il y a trois aspects clés que les startups doivent prendre en considération pour savoir comment pivoter. D’abord, il est clair que le secteur du healthcare serait une priorité absolue et que, avec la crise, plusieurs tabous ont été brisés.
La télémédecine, par exemple, considérée jusqu’à un passé très proche persona non grata, s’est largement répandue durant la crise. Quant aux process d’homologation des équipements médicaux, ils ont été largement simplifiés selon Frad. “Ce que prenait auparavant 4 ans de certification, ne nécessite aujourd’hui que 6 mois”, a-t-il indiqué. Ces deux facteurs clés font, selon lui, que les startups dans des secteurs connexes doivent songer à franchir le pas. “Enova Robotics peut, par exemple, diversifier ses produits pour ne plus se limiter à la sécurité”, a affirmé Frad.
Le deuxième élément clé que les startups doivent prendre en considération n’est autre que la digitalisation. Certes, on en parle depuis des années, mais avec la crise, il est clair que la perception du digital a changé et ce, aussi bien pour l’e-commerce que les services administratifs. “L’État va certainement mettre l’accent sur la digitalisation”, a assuré l’investisseur.
Au-delà de ces secteurs d’activité, le président de l’ATIC estime que le monde post-Covid donnerait plus d’intérêt à l’impact sociétal et environnemental. Et les entrepreneurs sont appelés à prendre cet élément en considération. Aussi, Frad a indiqué que les startups seraient plus appelées à collaborer ensemble, pour créer des synergies plus importantes.
Paradoxalement, l’isolement physique que vit le monde aujourd’hui et la vaste vague de digitalisation qu’il a impliqué a fait qu’il est plus facile d’accéder à des marchés jusqu’alors inaccessibles. Ceci représente donc une opportunité en or pour les startups.
Les investisseurs continueraient-ils à investir ?
Les investisseurs sont actuellement dans une situation très difficile, a souligné Frad. “Face à une crise systémique, la magie de la diversification n’est plus valable”, a-t-il expliqué. Pour l’investisseur, la première priorité serait de sauver les startups, en mettant en place des rallonges pour que ces entreprises puissent garder leur plus grand asset, i.e. leurs employés.
Il est aussi évident que les investisseurs sont en train de réviser leurs stratégies d’investissement qui, selon Frad, tourneraient autour des trois axes cités ci-dessus. Cela dit, le président de l’ATIC rassure qu’il n’y aurait pas de rupture des financements, bien au contraire. “Le fonds Anava va démarrer ses activités avec une enveloppe de 100 millions d’euros dédiées aux startups”, a-t-il indiqué. ‘Les startups ont prouvé leur légitimité durant cette crise et l’État en est conscient”, a-t-il ajouté.
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