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Covid-19: agir d’urgence pour saisir les opportunités

“Les opportunités de croissance pour les entreprises durant la crise du Covid” était le thème d’une conférence organisée hier, 29 avril 2020, par la CJD Tunisie. Détails.

La crise du Covid est certainement la crise la plus sévère qu’à frappé le monde depuis des lustres. Les petites et moyennes entreprises sont parmi les plus touchées par le ralentissement de l’activité économique. C’est pour cela que Expectation State a mis en place une initiative visant à soutenir ces PME.

Expectation State est un cabinet de développement international, présent en Tunisie depuis 2 ans, qui aide les gouvernements à mieux attirer les investisseurs. En Tunisie, le cabinet collabore avec le ministère de l’Investissement et de la Coopération Internationale, ainsi qu’avec la FIPA et la TIA. “Nous collaborons avec un large réseau d’experts et nous avons souhaité mettre cette expertise au service des entreprises tunisiennes”, a souligné Ons Ben Abdelkarim – Expectation State Country representative. Le cabinet a en effet mis en place une plateforme pro bono à travers laquelle les entreprises souhaitant profiter d’un accompagnement de nos experts peuvent soumettre leur requête.

“Les requêtes sont prises en charge dans un délai de 24 heures pour les aider à comprendre la nature du problème auquel ils sont en train de faire face et les mettre en contact avec des experts”, a expliqué Ben Abdelkarim.

Les PME cherchent à assurer leur survie

La crise du coronavirus est tellement sévère que la diversification ne sert plus à rien. “Tous les secteurs à travers le monde ont été touchés”, a indiqué Hatem Mahbouli, expert de finance internationale à Hura Capital-Development. Mais ce sont les pays émergents qui sont les plus impactés à cause d’un espace fiscal limité qui limite leur champ d’action. “Dans les pays à haut niveau de revenu, on s’attend à une relance dans les 6 prochains mois. Pour les pays à revenus faibles, cette relance peut s’étendre à 3 voire 5 ans”, a-t-il indiqué.

De leur côté, les entreprises ont basculé en mode de “liquidity survival”, a souligné l’expert, en limitant leurs dépenses et en cherchant à avoir accès à des financements d’urgence. Selon lui, ces entreprises sont, parallèlement, en train de réfléchir à la meilleure manière pour pivoter. Ici, Mahbouli a présenté une matrice qui peut guider les entreprises dans leur choix. Ainsi, les entreprises ayant peu de cash et qui évoluent dans des secteurs qui ne sont pas porteurs doivent penser à “arrêter le business”, selon l’expert. Celles qui sont en manque de cash, mais qui ont la chance d’être dans un secteur porteur, telles que les entreprises de e-learning, doivent lutter pour assurer leur survie et saisir l’opportunité que leur a offert la crise. Mais quels sont les secteurs porteurs ? Pour Mahbouli, il s’agit des services essentiels, du healthcare, de la pharma, mais aussi le high-tech, le e-learning, ainsi que les services financiers et les assurances.

Des opportunités pour la Tunisie

La Tunisie, comment elle bénéficie de tout cela ? Pour Mahbouli, plusieurs secteurs peuvent tirer pleinement profit de la vague de nearshoring qui pourrait avoir lieu après la crise “vu que plusieurs entreprises européennes vont essayer de se focaliser sur le voisinage européen pour leurs fournisseurs”, a-t-il expliqué. Une autre opportunité de taille selon l’expert : les services dont la mise à distance n’est plus un tabou tels que le health-care, l’éducation dans lesquelles les entreprises tunisiennes peuvent exceller. Même dans le tourisme aussi, il peut y avoir des opportunités, “mais peut être qu’il faut plutôt faire le focus sur les outdoor activities que sur les espaces fermés” a-t-il indiqué.

Face à ces opportunités, l’expert a mis aussi en garde contre la dépression par laquelle passera nos partenaires européens. Les besoins ne vont donc nécessairement pas s’accompagner par la capacité de s’offrir ces produits et/ou services. Aussi, “le transport et le commerce international vont devenir plus complexes et donc plus coûteux”, a-t-il souligné. Les entreprises tunisiennes doivent anticiper ces changements et s’y préparer.

Certes, la crise du Covid est porteuse d’opportunités pour les entreprises tunisiennes. Mais “il ne faut pas s’attendre à ce que les marchés vont venir jusqu’à nous”, a averti Mourad Fradi, président de Chambre tuniso-italienne et Mazars Partner. Pour lui, il est essentiel que les entreprises tunisiennes multiplient les efforts pour en tirer pleinement profit. Les autorités ont aussi un rôle important à jouer, d’abord en créant le climat nécessaire d’investissement, par la stabilité législative et fiscale, et aussi en aidant ces entreprises à prospecter. “Dans cette période, toutes les entreprises n’ont pas les moyens de prospecter de nouveaux marchés à l’international”, a souligné Fradi.

“Une entreprise offshore de fabrication de chaussures a pu sécuriser de nouveaux contrats en tirant profit de la position géographique de la Tunisie assurant des délais de livraison plus courts que leurs concurrents en Chine”, a indiqué le président de la Chambre tuniso-italienne.

Le boom de l’impact investment ?

Pour faire face aux dégâts de la crise, l’impact investment pourrait-il vivre son heure de gloire ? La réponse à cette question n’est pas facile, selon Hatem Mahbouli. “Le secteur est impacté comme tous les autres investissements, vu que cette crise a impacté une grande partie du portefeuille”, a-t-il expliqué. “Dans ce sens, il serait difficile de prévoir un plus grand appétit de la part des investisseurs pour s’y mettre dans les prochains mois”. Aussi, cette crise a démontré selon l’expert le rôle important des institutions, des gouvernements et de la société civile. “Ceci pourrait faire en sorte qu’on verra moins de financements consacrés à l’impact investing au profit d’aides directes aux programmes gouvernementaux”.

Malgré toutes les avancées qui ont été réalisées à plus d’un niveau, le monde post-Covid reste un mystère total. Et pourtant, il est crucial de s’y préparer…