Les business angels jouent un rôle important dans la vie d’une startup. Non seulement ces investisseurs apportent un soutien financier crucial à l’entreprise alors qu’elle fait ses premiers pas, mais aussi accompagne l’équipe fondatrice et lui apporte son savoir-faire. Hélas, peu de femmes ont été tentées d’emprunter cette voie par le passé. Cela en revanche n’est plus le cas, ce qui peut contribuer à voir plus de startups créées par des femmes.
Si les femmes peinent à trouver du financement à leurs projets, c’est en partie à cause de la faible présence féminine parmi les investisseurs. Ceux-ci ont tendance à privilégier, consciemment ou non, les startups menées par des hommes.
Partout dans le monde, les femmes se sont organisées pour apporter le soutien financier, technique et moral aux jeunes entrepreneures. Une initiative du genre a également émergé en Tunisie, Damya, une association pour business angels tunisiennes. “Notre objectif est de voir de plus en plus d’entreprises et de startups menées par des femmes”, a souligné Douja Gharbi, cofondatrice de Damya, lors d’un webinar organisé par l’association.
A-t-on vraiment besoin de femmes business angels ?
Le webinar organisé le vendredi 8 mai dernier par Damya et modéré par une des membres Amina Ben Abdelkrim, avait pour but de présenter les best practices en termes de levées de fonds pour les business angels. L’événement a vu la participation de plusieurs membres de l’association, d’entrepreneures ainsi que de business angels en France. “L’accès au financement, notamment pour les projets innovants, reste difficile”, a affirmé Gharbi lors de son intervention. “À travers cette initiative, nous souhaitons investir dans ces projets, mais aussi apporter notre savoir-faire et réseau au profit des entrepreneures”, a-t-elle souligné.
Car même si le soutien financier importe pour les jeunes entrepreneures, l’accompagnement par un business angel représente un atout clé pour la réussite de leur projet. Prenons l’exemple de Dora Ladjimi, fondatrice de Bulle des Mamans, une entreprise qui accompagne les futures mamans. “Non seulement les bailleurs de fonds n’ont pas cru à la viabilité de mon idée”, a-t-elle témoigné lors du webinar, “mais ils n’ont même pas saisi l’utilité d’un tel projet”.
Incapable de lever les fonds nécessaires, Ladjimi n’a pas baissé les bras et a décidé de lancer son projet avec ses propres moyens. “Ce n’était pas facile”, admet-elle. “Je me posais constamment la question sur la validité du projet et si j’avais fais les bons choix”. Toutefois, tout cela a changé lorsque la jeune entrepreneure a rencontré sa première business angel. “Les fonds injectés m’ont permis de déménager vers un local plus spacieux et d’agrandir l’équipe”, a-t-elle indiqué. “Mais ce qui m’a le plus aidé c’est le soutien moral que ma business angel m’a procuré durant cette période difficile du projet”.
Pourquoi intégrer un réseau de business angels?
Tout comme les entrepreneures qu’elles soutiennent, les business angels ont elles aussi besoin d’être accompagnées. “En faisant partie d’un réseau, les business angels profitent d’un sourcing plus simple, de partage d’expérience et de la mutualisation des compétences”, a souligné Florence Richardson, présidente de l’association française Femmes Business Angels (FBA). Le sourcing peut aussi se faire à travers des plateformes telles que EuroQuity, développée par Bpifrance, dont la mission est de “mettre en relation les sociétés de croissance avec les partenaires de leur développement, en particulier les investisseurs”, a souligné Marie Dollé, Business Development Manager de la plateforme. À travers EuroQuity, les business angels disposent d’une large base de données d’entreprises à la recherche d’investissement, a souligné l’interlocutrice.
Pour Richardson, “faire partie d’un réseau de business angels permet d’avoir un échange de points de vue et de bien se projeter dans le futur”. En effet, les business angels investissent leur propre argent dans des entreprises en très early stage où le risque est élevé. Au fait, l’entrée des business angels intervient juste après la phase de love money, tout au début de la vie de l’entreprise. “Être business angel est une vraie aventure”, souligne la présidente de FBA. Selon elle, certains attribuent la faible présence féminine dans le monde de business angels à ces hauts niveaux de risque. En France, par exemple, 90% des business angels sont des hommes, avec une moyenne d’âge de 57 ans et dont 70% ont exercé l’activité de direction générale. “Les femmes, victimes du syndrome de la bonne élève, estiment ne pas avoir les compétences nécessaires pour exercer une telle activité”, a souligné l’interlocutrice. Et d’ajouter: “En tant que réseau, nous avons aussi pour mission de fournir aux femmes les connaissances nécessaires au métier de business angel”.
Mais qu’en est-il de la mission principale de ce réseau, i.e. améliorer l’accès des entrepreneures au financement ? “50% des fonds investis par notre réseau ont été levés par des entreprises créées par des femmes”, a précisé Richardson.
Que cherche un business angel ?
Investir dans une entreprise en early stage a ses propres spécificités. D’abord, ceci émane du fait que l’investisseur ne dispose pas de suffisamment de données historiques sur lesquelles il peut reposer son choix. Aussi, la nature de la relation qui lie le business angel à l’équipe fondatrice est un élément clé lors de la prise de décision: “Pour apporter de la valeur ajoutée, il faut qu’il y ait une relation de confiance entre les deux parties,” a indiqué Richardson. Pour elle, cela fait que la décision d’investissement repose en grande partie sur la qualité de l’équipe fondatrice. Bien évidemment, l’équipe n’est qu’un facteur parmi d’autres: l’offre, le marché, la proposition de valeur, le business model, … qui sont à étudier par les business angels.
Ici encore, faire partie d’un réseau apporte son lot d’avantages aux business angels, comme en témoigne la présidente de FBA. Car, à travers ses nombreux partenariats, le réseau est en mesure de mettre à disposition de ses membres d’importants canaux de sourcing. C’est ainsi que FBA reçoit et traite, chaque année, plus de 600 projets. En tout, le réseau a investi dans plus de 150 startups actives dans différents secteurs.
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