L’intégration régionale en Afrique est parmi les plus faibles au monde. L’impact des nombreuses communautés économiques sous-régionales et l’annonce de la Zone de libre-échange continentale en Afrique (ou Zleca) n’a pas été au niveau des attentes.
Or, les pays africains ont tous intérêt à embrasser l’intégration régionale.
Au fait, les experts conviennent que l’intégration régionale élargit les marchés et le commerce, renforce la coopération, atténue les risques et favorise la coopération socioculturelle et la stabilité régionale. Il a également été démontré que l’intégration régionale maximise les avantages de la mondialisation tout en contrant ses effets négatifs et stimule le développement dans les pays les moins avancés en améliorant la capacité de production et en encourageant les investissements dans les infrastructures qui présentent le plus de potentiel économique. L’intégration régionale est extrêmement prometteuse pour l’Afrique. Le rôle de l’ARII est de fournir les données d’étalonnage et de suivi dont les décideurs politiques ont besoin pour réaliser cette promesse.
Avec un score moyen d’intégration régionale de 0,327, les pays africains dans leur ensemble ne sont pas bien intégrés. Le score élevé de 0,625 (sur un maximum de 1), atteint par l’Afrique du Sud, suggère que tous les pays africains ont le potentiel de s’intégrer plus profondément.
Cela dit, certains pays s’en sortent mieux que d’autres. Aussi, certains aspects de l’intégration régionale sont nettement plus développés que d’autres. Pour essayer de mesurer ces variations, trois acteurs clés en Afrique ― l’Union africaine, la Banque africaine de développement et l’Economic commission for Africa au sein des Nations unies ― ont élaboré l’indice d’intégration régionale en Afrique (ARII). À travers cet index, ce trio s’est tâché d’évaluer le statut et les efforts d’intégration régionale des pays membres des huit communautés économiques régionales reconnues par l’Union africaine. Pour ce faire, l’indice compare chaque pays aux autres pays de sa communauté économique régionale et aux pays africains dans leur ensemble.
“En mesurant l’intégration dans chaque pays et chaque communauté économique régionale selon cinq dimensions, l’ARII révèle les domaines dans lesquels les politiques d’intégration de ce pays et de cette communauté fonctionnent mieux”, lit-on dans le document publié récemment. En d’autres termes, ce rapport permet de mettre sous les feux des lumières les axes d’amélioration. “Les décideurs et autres acteurs économiques peuvent utiliser ces informations essentielles pour mieux allouer les ressources et mettre en œuvre les décisions nécessaires”, ont indiqué les auteurs.
Une faible intégration
Les résultats sont incontestables: l’Afrique obtient un faible score d’intégration régionale. Selon les auteurs du rapport, la préoccupation la plus pressante est la production atone qui freine l’intégration régionale à travers le continent. L’amélioration des réseaux régionaux de production et de commerce en renforçant les capacités productives, distributives et commerciales des pays de manière stratégique – c’est-à-dire de manière à ce que les capacités des pays se complètent mutuellement – porterait ses fruits. Une meilleure coopération transfrontalière entre les acteurs publics et privés donnerait à cette entreprise ses plus grandes chances de succès. Certains pays doivent encore gagner leur place dans les chaînes régionales de produits de base et de valeur; d’autres doivent établir un terrain ferme afin de maintenir leur position. Des solutions gagnant-gagnant peuvent être trouvées.
Les pays africains sont les moins intégrés en termes de production et d’infrastructures. Il en va de même pour les communautés économiques régionales africaines. Des mesures correctives sont urgentes, car ces deux dimensions de l’intégration sont les fondements sur lesquels les autres dimensions s’appuient pour fonctionner correctement. La dimension commerciale obtient des scores supérieurs aux dimensions de la production et des infrastructures, mais avec un score de seulement 0,383 sur 1, elle laisse également une large place à la croissance.
La mise en œuvre de la Zleca est prometteuse à cet égard. Car, une fois ces problèmes résolus, le commerce intra-africain devrait augmenter, favorisant l’intégration au niveau continental. “L’augmentation du commerce se diffusera à d’autres dimensions, accélérant le renforcement des capacités de production et des infrastructures pour répondre à la demande croissante”, ont par ailleurs souligné les auteurs du rapport.
Pour la Tunisie, le bilan est mitigé
L’Afrique du Sud se démarque comme la nation la plus intégrée du continent, bien devant le Kenya, le deuxième pays le plus performant. L’Afrique du Sud est également le pays le plus performant sur le plan de la productivité et des infrastructures. Il se classe parmi les quatre premiers sur la dimension commerciale et est moyen sur la dimension macroéconomique. Sa force réside dans la dimension productive, où il atteint le score maximum. Sa faiblesse réside dans la dimension de “libre circulation des personnes”. Le Kenya affiche des performances relativement bonnes sur les dimensions de la production, des infrastructures et de la libre circulation des personnes, où il se classe respectivement septième, huitième et dixième.
De l’autre côté de l’équateur, la Tunisie ne semble pas en mesure de concurrencer la performance sud-africaine. Certes, le bilan n’est pas catastrophique, bien qu’il laisse dévoiler des performances moyennes. Au fait, le score de la Tunisie est de 0.338, soit juste au-dessus de la moyenne continentale de 0.327 ! Notre pays se classe en 24ème position, loin derrière le Maroc (0.430, 4ème position), l’Égypte (0.422, 6ème) ou encore la Côte d’Ivoire (0.357, 17ème).
Là où la Tunisie brille c’est en termes d’intégration des infrastructures, où le pays est arrivé à la 5ème position avec un score de 0.498. La Tunisie a été aussi classée quatrième à l’échelle africaine en termes d’intégration productive (un pays est dit bien intégré si ses capacités productives complètent celles des autres pays de la région). La Tunisie a en effet obtenu un score de 0.340. “Le commerce des produits intermédiaires en Tunisie complète largement les profils de production des pays voisins”, ont justifié leur note les auteurs du rapport.
En termes d’intégration macroéconomique, la Tunisie est arrivée à la 16ème place avec un score de 0,458.
Intégration commerciale: la Tunisie est classée comme le troisième pire pays en termes d’intégration commerciale, avec un score de 0.189 ! Seuls la Somalie et le Soudan font pire. Les auteurs du rapport ont noté dans ce contexte que la Tunisie est parmi les pays de l’Afrique avec les plus importants tarifs sur importations. La Tunisie est aussi mal classée en ce qui concerne la liberté de mouvement des personnes avec une note de 0.138.
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