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BAD: jusqu’à 237 mds$ de pertes à cause du Covid

L’Afrique est particulièrement vulnérable aux répercussions de la crise du Covid. Un rapport publié ce matin par la Banque Africaine de Développement vient confirmer cela. Détails.

En février dernier, la BAD a publié son rapport annuel sur les perspectives économiques de l’Afrique. À l’époque, le rapport avait évoqué quelques évolutions positives à plus d’un niveau. Seul hic: la BAD, comme le reste du monde, n’avait pas pris en considération l’impact de la Covid.

Mais voilà que le monde a connu, depuis, une pandémie mondiale qui a évoqué une crise sanitaire et économique d’envergure jusqu’alors inimaginables. Au vu de ces développements, la Banque africaine a publié aujourd’hui un supplément à son rapport. Cette fois-ci, les perspectives sont moins prometteuses.

Au fait, la BAD prévoit une contraction de 1.7% du PIB réel en Afrique en 2020, soit une baisse de 5,6 points de pourcentage par rapport aux projections de janvier 2020 qui précédaient l’apparition de la COVID-19, en supposant que l’impact de la pandémie sera substantiel mais de courte durée. Si, en revanche, la pandémie se poursuit au-delà du premier semestre de 2020, la contraction du PIB en 2020 sera beaucoup plus marquée, de l’ordre de 3,4%, soit une baisse de 7,3 points de pourcentage par rapport à la croissance projetée avant la pandémie de la COVID-19.

Jusqu’à 236,7 milliards de dollars de pertes

La contraction projetée de la croissance en 2020 pourrait coûter à l’Afrique des pertes en termes de PIB de l’ordre de 145,5 milliards d’USD (scénario de base) et 189,7 milliards d’USD (scénario pessimiste), sur les 2 590 milliards d’USD du PIB projeté en 2020 avant l’apparition de la COVID-19. Une partie de ces pertes pourraient se poursuivre en 2021, dans la mesure où la reprise attendue ne serait que partielle. Ainsi, les pertes du PIB prévues en 2021 pourraient se chiffrer entre 27,6 milliards d’USD (scénario de base) et 47 milliards d’USD (scénario pessimiste), par rapport aux prévisions PIB de 2 760 milliards d’USD dans un contexte non marqué par la pandémie. Les économies les plus affectées sont celles dont le système de santé est fragile, celles qui dépendent fortement du tourisme, du commerce international et de l’exportation des denrées, mais aussi celles qui sont lourdement endettées et dont l’économie repose en grande partie sur des apports financiers internationaux devenus volatiles. L’impact global de la pandémie sur les résultats socioéconomiques reste cependant incertain. Il va dépendre de l’épidémiologie du virus, de la gravité de ses impacts sur l’offre et la demande, de l’efficacité des réponses au niveau des politiques publiques et de la persistance des changements de comportement.

Une accélération soudaine de l’inflation

La pandémie a déjà provoqué une accélération de l’inflation sur le continent, qui, dans certains cas, dépassait 5% au premier trimestre de 2020. Cette accélération découle principalement des perturbations dans l’approvisionnement en ressources alimentaires et énergétiques, qui sont pour la plupart importées. Mais pour de nombreux autres pays, la chute brutale de la demande agrégée en raison du confinement et des autres mesures restrictives a facilité les pressions inflationnistes, surtout pour les économies à faible intensité en ressources. De façon générale, en dépit de la probable augmentation de l’inflation globale, qui concerne les prix des produits alimentaires et de l’énergie de base, l’inflation sous-jacente pourrait se stabiliser jusqu’au retour de la demande une fois la pandémie sous contrôle.

Jusqu’à 49,2 millions d’Africains pourraient basculer dans l’extrême pauvreté

Dans le scénario sans la pandémie, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté en Afrique (en référence au seuil de pauvreté international de 1,90 $) aurait atteint 425,2 millions en 2020. Cependant, avec la COVID-19, ce chiffre pourrait atteindre 453,4 millions dans le scénario de base et 462,7 millions dans le scénario pessimiste. En 2021, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté pourrait croître entre 34 et 49,2 millions en raison de la pandémie et de la chute du PIB en dessous des taux de croissance démographique. Pour l’année 2020, le Nigeria et la République démocratique du Congo, deux des pays les plus peuplés d’Afrique, enregistreraient les plus fortes augmentations — 8,5 et 2,7 millions respectivement dans le scénario de base, et 11,5 et 3,4 millions dans le scénario pessimiste.

Quelque 25 à 30 millions d’emplois pourraient être perdus selon les hypothèses enregistrées avant la COVID-19, quelque 773,4 millions d’Africains avaient un emploi en 2019 et les projections pour 2020 se chiffraient à 792,7 millions. Dans un scénario de base de contraction du PIB de 1,7%, 24,6 millions d’emplois pourraient être perdus en 2020. Dans le scénario pessimiste, une baisse de 3,4% du PIB pourrait entraîner une perte de 30 millions d’emplois. Les travailleurs pauvres, qui représentent près de la moitié des salariés, seront les plus affectés. La crise pourrait également affecter la nature des emplois préservés, car les salaires et les heures de travail des employés du secteur formel pourraient être revus à la baisse, tandis que le nombre de travailleurs reconvertis dans l’informel comme stratégie de survie et de maintien des revenus pendant le confinement et autres restrictions pourrait augmenter.