La 4ème édition de Tunisia Hospitality Symposium (THS), organisée les 24 et 25 novembre 2020 à l’IHEC Carthage et à l’IHET Sidi Dhrif, était l’occasion de rencontres entres jeunes diplômés et professionnels ainsi que de débat autour du “Tourisme à l’ère du new normal: transformation ou disruption ».
La Tunisie est un pays essentiellement touristique et le restera, a confirmé Habib Ammar, ministre du Tourisme et de l’Artisanat. Avec 400000 emplois et 2 millions de personnes qui travaillent directement ou indirectement dans le secteur, l’impact de la Covid-19 était important.
Dans son intervention, le ministre est revenu sur les répercussions de la crise de Covid-19 sur le tourisme tunisien: l’État a enregistré une baisse du nombre de touristes entrants de 78% et une baisse du nombre de nuitées passées aux hôtels de 80%. La recette touristique a subi, de ce fait, une baisse de 62%.
Cette situation alarmante exige des actions immédiates pour sauver ce secteur. C’est un défi sur lequel le ministère travaille à court terme, à l’horizon avril-mai 2021, pour protéger les entreprises touristiques. En effet, les promesses de vaccin d’ici le 1er trimestre 2021 ont insufflé une dose d’optimisme pour espérer une reprise à partir de l’été prochain.
Une série de mesures ont été prises récemment lors d’un Conseil ministériel restreint et ce, pour préserver les 400 000 emplois, assurer la sécurité sociale dans le secteur et réduire la charge sur les entreprises touristiques pour qu’elles puissent être capables de recevoir des touristes au début de la saison prochaine.
Ces mesures se manifestent par la prise en charge de cotisation patronale au niveau de la Caisse nationale de sécurité sociale pour 3 trimestres. Également des reports sur la dette fiscale jusqu’à l’année 2022, voire même après. Et ce, dans l’espoir de faire travailler le secteur même au minimum. Le ministre indique également qu’ils offrent des avantages et des aides pour stimuler le tourisme intérieur et la demande sur le tourisme saharien qui est un produit propre à la Tunisie.
Sur un autre volet, le tourisme intérieur est une priorité et un axe fondamental de la stratégie à moyen et long terme du ministère du Tourisme. C’est l’occasion de mettre en œuvre des réformes structurelles dans le secteur. Dans ce cadre-là, le Conseil des ministres a mis en place une commission ministérielle composée des ministres du Tourisme, des Finances et de l’économie et de la Banque Centrale de Tunisie pour se pencher sur les différents problèmes du secteur, qui ne datent pas d’aujourd’hui.
Le ministre a déclaré que “les vacances deviennent une nécessité pour tout le monde” et qu’il faut développer, de ce fait, des moyens d’hébergement qui soient adaptés au tunisien. Faire des réservations 6 mois à l’avance n’est pas dans ses habitudes.
Il propose de créer des agences de voyages ou des tours opérateurs spécialisés dans le tourisme intérieur pour considérer des prix d’hôtellerie intéressants. Des produits qui peuvent stimuler la demande comme les chèques-vacances.
Le ministère travaille d’arrache-pied sur la mise à niveau du tourisme balnéaire, la diversification des produits tunisiens à travers le tourisme alternatif, les maisons d’hôtes pour que ce secteur soit plus résistant et assure un minimum d’entrées touristiques, et ce, dans le but de prolonger la période d’activité touristique, essentiellement pour la saison estivale.
De son côté, le Secrétaire Général de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), Zurab Pololikashvili, déclare qu’on peut voyager en toute sécurité dans le respect des mesures sanitaires. Il indique que la raison de sa visite est de signer un mémorandum de coopération avec la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement et le ministère du Tourisme afin de soutenir la Tunisie. Un pays qui dépend énormément du secteur du tourisme. À ce titre, il a mis en avant l’importance de créer de nouvelles destinations et d’investir dans les régions rurales, de valoriser différentes gastronomies qui ont une attraction culturelle importante. Par ailleurs, il a souligné l’importance de coopérer avec les jeunes qui ont des idées de projets créatifs et innovants et d’y investir.
La situation de l’hôtellerie par les professionnels du métier
Les hôteliers jugent leur situation d’assez critique. Dorra Milad, présidente de la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie (FTH), déclare qu’ils ont subi des pertes importantes et qu’ils sont en train de vivoter pour maintenir les emplois. Elle a expliqué que les crédits mis à disposition des hôteliers par l’État restent en relation avec les banques qui choisissent de les garantir selon les situations de chacun.
Le secteur du tourisme est très compétitif dans le bassin de la méditerranée et la Tunisie fait face à une concurrence extrême. Et à cause de la crise de Covid-19, le secteur est de plus en plus touché, l’impact social étant énorme, avec à peu près 6 familles sur 10 confrontées à la pauvreté.
Le tourisme intérieur n’est pas suffisant pour garantir le fonctionnement du secteur et la situation ne va pas s’améliorer rapidement, déclare Sabri Oueslati, président de l’association Edhiafa. Avec une nuitée sur sept, les hôteliers ne peuvent pas assurer le paiement des charges fixes. Le tourisme international est primordial mais la reprise va être lente, assure-t-il.
Dans l’espoir de ranimer le secteur, la GIZ et Expertise France ont présenté des programmes de soutien aux hôteliers. La GIZ a organisé des formations pour les professionnels pour les préparer à assurer la sécurité sanitaire de leurs établissements.
“Tounes Wejhatouna” est parmi les programmes d’appui de l’État allemand et l’Union européenne. Il vise notamment la promotion du tourisme durable et la diversification de l’offre touristique. Également, à valoriser les richesses de la Tunisie et à créer une route cinématographique qui englobe les lieux de tournage culturels, de les mettre en valeur et les rendre accessibles.
Selon une enquête, 40 millions de touristes choisissent leur destination basée sur des films et des séries, c’est pour cela que les entreprises créent des offres basées sur ces histoires.
La valorisation de l’héritage et du patrimoine tunisien est le point focal pour Expertise France. Leur rôle est de faciliter la mise en concession des investisseurs qui veulent investir dans la restauration des bâtiments et le propriétaire public et les rassurer dans leurs investissements. Expertise France prend également en charge la partie restauration de ces bâtiments qui est très coûteuse.
Le Tunisia Hospitality Symposium (THS) est un événement inspiré de l’expérience allemande de l’université de Heilbronn dont l’objectif est de créer un espace de rencontre et de partage entre les différents acteurs du secteur du tourisme.
Il s’adresse aux représentants public et privé des secteurs de l’hospitalité, du tourisme et de la gastronomie ainsi qu’aux enseignants, chercheurs, étudiants et diplômés en tourisme dans le but de créer un dialogue et d’amorcer un travail de réflexion qui contribuera à l’amélioration du secteur du tourisme tunisien.
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