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Report de paiement: aucun impact sur le PNB des banques en 2020, mais leur capacité à financer l’économie est mise en question

Les engagements concernés par le report de paiement au niveau du secteur bancaire s’élèvent à environ 7 milliards de dinars répartis entre particuliers et corporate, indique Mehdi Majdoub. Selon lui, cette mesure n’aura aucun impact sur le PNB des banques de la place puisque ces dernières “vont continuer à comptabiliser les montants de ces créances”.

Cependant, Majdoub prévient qu’il peut y avoir un impact direct négatif sur d’autres aspects, essentiellement la liquidité, la trésorerie et, surtout, la capacité des banques à respecter le ratio de transformation, ou le loan-to-deposit (LTD), fixé par la BCT à 120%.

Or, en demandant aux banques de continuer de financer les différents acteurs de l’économie, sans qu’il y ait des entrées de remboursement, “il leur serait difficile de continuer à respecter ce ratio”. Les encours vont rester stables, voire connaître une hausse, alors que les dépôts vont diminuer, explique-t-il.

Cette situation finira donc par impacter la liquidité et, donc, la capacité des banques à financer efficacement l’économie. Car, en plus de ces mesures, cette année a vu également l’intensification de l’intervention des banques au niveau du financement du budget, note Majdoub. Et d’ajouter: “L’effet d’éviction en matière de financement de l’économie a grandi”.

En ce qui concerne l’année 2021, l’expert prévient qu’il y a une forte probabilité que les banques subissent le coût de risque des deux exercices. Car, contrairement à 2020, cette année peut voir le PNB des banques touché à cause de la détérioration de la qualité du portefeuille.

Les entreprises, qui ont joui d’un moratoire de 18 mois sur le remboursement de crédits, seraient probablement dans une situation financière difficile lorsque ce moratoire arrivera à terme, note-t-il.

Les signes d’un tel déclin ne manquent pas, selon l’interlocuteur. D’abord, la stagnation de l’investissement est évidente notamment avec la baisse des financements par les banques. “Même le refinancement de la banque centrale était stable entre janvier et décembre 2020”. Or, sans investissement, il ne peut y avoir une augmentation de chiffre d’affaires. En parallèle à cette stagnation, les charges financières des entreprises restent très élevées malgré la baisse du TMM. Le BFR a connu de son côté une importante croissance, à cause du rallongement des délais de vente.

IFRS 9: pas cette année

La mise en place des normes IFRS 9 avant la fin de l’année ne sera pas possible, d’après l’expert, notamment avec des ratios de créances classées et de transformation qui seront, d’après l’expert, élevés.

Cela dit, l’expert note que l’application de la norme IFRS 9 aurait été difficile même en l’absence de pandémie. “Aujourd’hui, la comptabilité des banques utilise les valeurs historiques, alors que l’IFRS exige l’utilisation de la valeur de marché”, a souligné Majdoub. Et d’ajouter: “Or, une telle évaluation peut engendrer une réduction considérable des capitaux des banques”.

Certaines banques ont demandé à leur expert comptable de préparer, en plus du bilan comptable réglementé, un bilan comptable selon les normes IFRS 9, selon Majdoub.” Ce dernier va permettre aux banques d’évaluer l’impact d’une telle transition”, a-t-il ajouté.

Pour franchir le pas vers la nouvelle norme, l’expert indique qu’il faut aussi une mise à jour du réglementaire. À titre d’exemple, les provisions, aussi bien individuelles que collectives, sont actuellement réglementées par une circulaire de la Banque centrale. Or, la norme IFRS stipule que les banques peuvent appliquer leurs propres modèles statistiques, par exemple, avec l’expected credit loss.

La formation des comptables et des experts comptables est aussi un élément clé qu’il faut préparer avant la transition. Une tâche qui sera encore plus difficile au milieu d’une pandémie mondiale.

L’expert indique, en revanche, que sur la partie gouvernance de la norme, une avancée peut être enregistrée surtout qu’il y a eu plusieurs restructurations et réformes ― y compris dans les banques publiques ― visant à instaurer les pratiques de bonne gouvernance.