
Entre 65 mille et 100 mille. C’est le nombre de participants à la manifestation organisée dernièrement par Ennahdha ― du moins d’après ses leaders. Quelques semaines plutôt, des milliers de sympathisants du PDL ont participé à un grand rassemblement organisé par le parti de Abir Moussi.
Ces manifestations auraient pu passer en quelque sorte inaperçues si elles n’étaient pas organisées durant une pandémie mondiale et, pis encore, en dépit d’une interdiction généralisée de toute sorte de manifestations.
La révolte des professionnels des secteurs de la culture et de l’événementiel fut immédiate. Plusieurs artistes ont même annoncé leur intention d’organiser des spectacles gratuits en plein centre ville. “Nous avons les mêmes droits que ceux qui ont manifesté”, ont réclamé les professionnels du secteur.
L’industrie de l’événementiel, l’un des rares secteurs qui ont fleuri après la révolution, a été touchée de plein fouet. “Sur les 1250 entreprises actives dans le secteur de l’événementiel, plus de 70% d’entre elles ont cessé leur activité”, a indiqué au Manager Elyes Guizani, président de la Chambre syndicale des métiers de l’événementiel relevant de l’UTICA. “Des milliers de personnes ont perdu leur emploi”, a-t-il ajouté.
Nous avons tenté, à maintes reprises, de prendre contact avec les autorités compétentes au sujet des mesures sanitaires ― aussi bien à la présidence du gouvernement qu’au comité scientifique. Nos demandes sont restées sans réponse.
La crise sanitaire a lourdement impacté le secteur. Les centaines, voire milliers, d’événements que les villes de la Tunisie ont eu l’habitude d’accueillir chaque année ― entre conférences de presse, cérémonies, colloques, etc. ― ont presque disparu. L’activité se résume désormais à quelques conférences disparates. Les événements nocturnes, qui représentent une bonne partie de l’activité de l’événementiel, ont quant à eux tout simplement disparu.
Et même celles du jour, elles étaient impactées par les mesures annoncées par le gouvernement. “Même si l’événement est tenu à 8h du matin, les préparations se font généralement la nuit d’avant”, explique Guizani. “Le couvre-feu et les interdictions de déplacement ont considérablement limité nos capacités sur le terrain”, a-t-il ajouté.
Ce couvre-feu, qui dure depuis le mois de septembre dernier, a donc eu un impact considérable sur la viabilité des entreprises de l’événementiel. Même celles qui arrivent à éviter de mettre la clé sous la porte ont été lourdement fragilisées. “L’État nous empêche d’un côté de reprendre nos activités et, de l’autre, exige le paiement des impôts et des frais de la sécurité sociale”, a déploré le président du syndicat patronal.
La Chambre syndicale des métiers de l’événementiel n’est pas restée les bras croisés. “Nous avons adressé plusieurs lettres au ministère des Affaires Sociales pour demander de différer le paiement des frais de la CNSS pour T4 2020 et le premier trimestre de 2021”, a indiqué Ilyes Guizani. “Nous n’avons reçu aucune réponse”, déplore-t-il.
Pis encore: l’acheteur public n’a toujours pas payé ses factures pour des événements organisés depuis … juillet dernier !
Pour Ilyes Guizani, la solution est claire: mettre fin au couvre-feu et à l’organisation des événements tout en obligeant les organisateurs à respecter un protocole sanitaire strict. “Ceci n’a aucun sens d’autoriser l’organisation de certaines manifestations et d’en interdir d’autres”, déplore Ilyes Guizani.
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