
Vous avez probablement entendu parler de RBG ― Ruth Bader Ginsburg ― mais avez-vous croisé le chemin de RBGV ou l’une de ses œuvres ? À la tête de l’agence Hapax, Raya Ben Guiza Verniers est l’une des figures emblématiques de la scène entrepreneuriale tunisienne. Invitée de Chill&Relax de cette semaine, Raya nous révèle dans cette interview quelques facettes insoupçonnées de sa personnalité.
Quelle est votre source d’inspiration ?
Tout m’inspire et m’émerveille ! L’art, la nature humaine, mais aussi les animaux, mes chats en particulier auprès de qui je puise une grande sérénité et qui m’apprennent l’art du détachement.
Mais plus que tout, ce sont les auteurs et les cinéastes qui explorent les thèmes de l’inconscient collectif, les archétypes, les questions d’individuation ou de l’imagination active qui me fascinent. Je suis méthodique dans mes lectures, voire obsessionnelle. Lorsque je découvre un.e auteur.e qui traite de ces sujets, je mets un point d’honneur à visiter toutes leurs œuvres. Ainsi, depuis de nombreuses années, je me plonge régulièrement dans l’univers de Haruki Murakami et dans le cinéma de David Lynch, à qui je voue un véritable culte car ils me permettent de glisser dans des univers à « l’inquiétante étrangeté ».
Chacun des romans de Murakami donne à lire des récits de personnages qui explorent leur singularité lentement et à contre-courant d’une société où tout va vite; des individualités qui peuvent basculer en une fraction de seconde dans le surréel. De même, les films de David Lynch sont des précis audiovisuels du « Unheimliche ». Ces lectures et ces films m’ont naturellement amenée à découvrir la psychologie des profondeurs puis la psychanalyse via le travail mystique de Carl Jung.
Si vous deviez explorer un autre métier ?
Mmmm, comme ça à l’instant je dirai psychanalyste, car je trouve fascinant de pouvoir explorer l’âme, l’aider à guérir et lui donner le courage et le cœur de s’affranchir de ce qui la retient de scintiller… Comme de nombreux jeunes et moins jeunes, j’appartiens à ce que les sociologues appellent la Slash Generation et je cumule plusieurs vies professionnelles en une seule.
Au cours de ma jeune carrière, j’ai eu la chance de faire de la recherche, d’enseigner, de publier, de créer mon agence de conseils, puis une seconde agence de géo-marketing, de devenir consultante en communication, de gérer des associations, de monter des projets et des évènements culturels, sportifs et caritatifs… Aujourd’hui, ici comme ailleurs, nous devons pouvoir faire tout ce que nous souhaitons, devenir tout ce que nous rêvons d’être, et bien plus que cela. Pourvu que nous soyons libres de tout vivre !
La première chose que vous faites lorsque vous vous réveillez ?
Je me remémore mes rêves et les note, puis je bois un grand verre d’eau tiède avec de la fleur d’oranger (Z’har) pour remercier mon corps de me (sup)porter 🙂 Puis, en prenant le café, je consulte mes mails et organise ma journée.
Quel est le moment de la journée que vous préférez ?
“Il mattino m’illumino d’immenso” [NDLR, poème de Giuseppe Ungaretti] Le matin avec le lever de soleil, quand tout est encore calme et que la journée s’apprête à dérouler ses promesses…
Quelles sont les applications sur votre smartphone dont vous ne pouvez pas vous passer ?
Mon iPhone est la prolongation de ma main et de mon cerveau (rires), j’en ai des crampes au nerf cubital (rires). Les applications Mail, LinkedIn, Instagram, Facebook (obligée), et l’application de Podcast de Radio France, pour ne rien rater de mon émission préférée « Les chemins de la philosophie » et le streaming live d’Expresso (Radio Express Fm) pour être au diapason de l’actualité du pays.
Un livre qui vous a marqué ? Pourquoi ?
“La pesanteur et la grâce” de Simone Weil est mon livre de chevet depuis le bac philo en 1995. Je l’utilise même comme un outil divinatoire lorsque se pose à moi une question métaphysique, par exemple : je le feuillète aléatoirement et m’arrête à la première phrase de la page pour avoir une réponse. Je trouve dans le parcours de Simone Weil et dans ce recueil d’aphorismes « la force de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre.» [NDLR, citation de Marc Aurèle].
Quel est votre film préféré ? Pourquoi ?
« Mulholland Drive » chef d’oeuvre intriguant de David Lynch, que j’ai vu une quinzaine de fois. Pour sa poésie, son mystère, sa dimension irréelle, fantastique, étrangement inquiétante ; pour les décors, la bande originale, la direction et le jeu des acteurs.
Êtes-vous une personne sportive ? Sinon, parlez-nous de vos loisirs préférés.
Vous l’avez compris, je suis plutôt versée dans les activités métaphysiques et regrette de ne pas être une athlète assidue, bien que j’ai été une bonne nageuse et ai participé à des compétitions dans le club de natation de mon lycée à Marseille. Je préfère désormais des activités plus contemplatives, la méditation de pleine conscience et la marche par exemple.
Quel est votre péché mignon ?
Le chocolat, noir, blanc, au lait, praliné, truffé, amer, moelleux, lisse, âpre, astringent, suisse, français, belge, en tablette, à tartiner, ou en bouchée… Et bien heureuse de pouvoir assouvir ce péché mignon en Tunisie où nous avons aujourd’hui d’excellentes chocolateries artisanales.
Quel est votre plat préféré ?
La « Mloukhia » que prépare mon chéri Gérald.
Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs pour améliorer leur concentration ?
Je ne me m’autoriserai pas à donner des conseils aux entrepreneurs, qui, par les risques qu’ils prennent et l’audace dont ils font preuve, sont à mes yeux des héroïnes et des héros des temps modernes. À chacune et à chacun de trouver son rythme, sa singularité, le courage de puiser dans son histoire personnelle pour se distinguer, cultiver sa créativité et garder l’humain au cœur de toute chose.
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