Selon le rapport 2020 du Conseil du marché financier, la contribution du marché financier au financement de l’investissement privé est à son plus haut niveau depuis 2013, à 16,4%. Les montants effectivement levés durant 2020 se sont établis à 1 235,6 MTND contre 1 058,8 MTND en 2019. Les augmentations de capital ont totalisé 321,4 MTND contre 914,2 MTND pour les emprunts obligataires.
Si cette contribution ne parvient pas à passer le cap des 20%, c’est à cause de la faible demande des agents économiques sur le financement direct. La priorité est toujours donnée aux banques qui permettent l’obtention de crédits d’une manière plus discrète. En 2020, les opérateurs du secteur financier (banques, compagnies de leasing, factoring et IMF) ont accaparé 98,2% des emprunts obligataires émis sur le marché primaire. Les autres secteurs sont absents, notamment l’industrie. Les établissements de crédit sont en train d’intervenir à la place des entreprises, en effectuant des levées de fonds qui seront par la suite octroyées sous forme de crédits aux sociétés.
Outre la question de la transparence, qui reste une entrave au développement du marché financier en Tunisie, la procédure est longue surtout pour une première opération. Il ne faut pas espérer une période inférieure à 6 mois entre le lancement d’une émission de titres de capital ou de créance en interne et l’obtention du prospectus visé par le CMF. Cela dépasse de loin la durée que prend le traitement d’une demande de crédit bancaire. Cette lourdeur est justifiée par la nécessité de procéder à toutes les diligences pour être sûr que la société émettrice est financièrement saine de sorte à protéger l’argent des épargnants.
Tant que le secteur bancaire continuera à fournir les crédits aux entreprises, le marché financier ne verra pas sa contribution au financement de l’investissement augmenter significativement. Il faut un effort de la part du secteur bancaire pour pousser les entreprises, qui ont atteint un certain volume d’endettement, à diversifier leurs sources de financement en allant vers le marché. Les filiales de ces banques peuvent même assurer ces opérations. Le développement du marché financier nécessite un effort collectif qui permettra à tous les acteurs de l’industrie de profiter, à terme, de la diversification des risques de contrepartie.
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