Si les entreprises se plaignent du manque de financement, c’est qu’en contrepartie il y a une montée d’un cran dans la qualité de la gestion des risques par les banques. Les établissements de crédit ont été contraints de réviser à la baisse leur degré de générosité afin d’éviter les mauvaises surprises de remboursement d’une part, et de respecter les exigences de la BCT d’autre part.
La montée des créances classées est le problème des banques partout dans le monde, avec une différence chez nous : nos institutions n’ont pas autant de facilité pour lever des fonds propres auprès de leurs propriétaires. Les opérations de recapitalisation par injection de fonds propres se font rares sur la dernière décennie et sont devenues impopulaires auprès des actionnaires, notamment pour les banques cotées. La majorité d’entre elles préfèrent passer par l’émission d’emprunts obligataires subordonnés qui entrent dans le calcul des ratios prudentiels.
De plus, des facteurs exogènes ont progressivement fait leur apparition dans la sphère réelle et qui ont freiné l’activité économique, comme le terrorisme, le changement de la structure de la demande et surtout la crise sanitaire. Depuis 2015, la capacité des entreprises à générer des cash flows a été significativement altérée, ce qui a limité de facto l’accès aux ressources de financement bancaire.
Cette tendance concerne également les grands groupes qui, pour leur part, ont été touchés par une autre réglementation, celle des parties liées. Cela a permis au secteur d’améliorer la qualité de son actif. En 2012, les engagements des 5 et 10 premiers groupes privés en Tunisie représentaient, respectivement, 87,6 et 128% des fonds propres nets de base des banques. En 2020, ces taux sont passés à 57,4 et 89%. C’est une grande amélioration qui montre qu’il y a du travail au sein du secteur.
Cela nous amène à deux réalités. La première est qu’une meilleure maîtrise des risques par les banques passe par la réduction temporaire de l’octroi de crédits aux entreprises les plus risquées. Et comme ces dernières constituent la majorité du tissu productif, c’est une mort lente de la plupart des entités économiques. C’est effectivement ce que nous voyons aujourd’hui.
La seconde est que la solution passe par l’industrie du capital risque et développement. L’émergence d’un secteur de Private Equity ces dernières années provient, en fait, de la rareté du financement bancaire. Les grands groupes semblent jouer le jeu et acceptent d’ouvrir le capital de certaines filiales aux institutionnels qui sont généralement les banques. C’est un choix gagnant-gagnant pour les différentes parties prenantes.
Mais pour les PME, c’est toujours le calvaire. Elles sont trop petites pour les professionnels du capital, et trop risquées pour ceux de la dette. Bonne chance aux entrepreneurs qui luttent quotidiennement pour survivre.
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