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L’Etat paiera 200 MTND de la dette en devises de Tunisie Autoroutes en 2023

Il paraît que la situation financière de Tunisie Autoroutes s’est nettement détériorée ces dernières années. La société souffre de grandes difficultés financières et elle risque d’être incapable de rembourser ses créanciers étrangers par ses propres ressources. L’Etat, comme garant de ces prêts, compte intervenir en consacrant 200 MTND de son budget 2023 au paiement d’échéances de crédits qui ont servi au financement du développement du réseau national des autoroutes.

En revenant au dernier rapport sur les entreprises publiques, il s’avère que la société a des dettes qui s’élèvent à 429 MTND fin 2020. Bien que le montant soit important, il faut reconnaître que la situation s’est nettement améliorée par rapport à 2016 lorsque les dettes étaient de 1 252 MTND.

Le grand problème reste dans l’exploitation. Le chiffre d’affaires ne progresse pas rapidement. En 2020, il a baissé à 66,6 MTND à cause des restrictions de circulation imposées par la Covid-19. Sur la période 2016-2020, le chiffre d’affaires le plus élevé était de 87,1 MTND, enregistré en 2019. Tunisie Autoroutes n’a pas pu dégager de bénéfices entre 2016 et 2020. Ses résultats reportés négatifs se chiffrent à -212,7 MTND, mais elle dispose toujours de fonds propres positifs de 952,2 MTND.

Rétablir l’équilibre aux comptes de la société n’est pas une tâche facile. Il y a une augmentation annuelle de ses charges de gestion et d’entretien du réseau actuel. De plus, les coûts des travaux des nouveaux projets ne cessent de s’aggraver, puisqu’ils sont majoritairement financés par des dettes externes. D’ailleurs, l’une des principales raisons qui a poussé Tunisie Autoroutes vers ces difficultés est l’effet de la dépréciation du dinar sur les montants des échéanciers de remboursement des anciennes lignes de crédit en devises. Entre 2016 et 2020, les charges financières ont totalisé 220,7 MTND, l’équivalent de ses pertes.

Cette situation limite la marge de manœuvre de la société pour développer davantage le nombre d’autoroutes qu’elle exploite. En 2023, et en plus du remboursement de la dette, l’Etat compte financer l’acquisition de parcelles de terrain d’une valeur de 25 MTND dans le cadre du projet de l’autoroute Bou Salem-frontières algériennes, précisément la parcelle Bou Salem-Fernana.

Quelle serait l’alternative la plus logique: céder des actifs publics qui pèsent sur le budget de l’Etat et injecter les fonds dans le développement d’un réseau autoroutier moderne, ou laisser une telle société qui peut générer des points de croissance durable à long terme survivre sous perfusion? A bon entendeur…