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Vers une OPA obligataire sur les titres de Wifak Bank?

A la demande du Conseil du marché financier, la cotation des actions de Wifak International Bank (WIB) a été suspendue depuis le lundi 9 janvier 2023. Cela intervient à la suite de la montée de Mohamed Hedi Ben Ayed dans le capital de la banque islamique. Le premier actionnaire de l’établissement de crédit contrôle désormais 40%, directement et de concert, de ses actions et droits de vote.

Selon le règlement général de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (article 163), l’homme fort de WIB doit obligatoirement soumettre au régulateur du marché financier un projet d’offre publique d’achat (OPA) visant le reste du capital.

L’article 163 bis du même règlement précise les modalités de l’OPA. La période d’acceptation des titres offerts ne peut être inférieure à 15 jours de Bourse. Le prix proposé est le plus élevé entre:

– la moyenne des cours de Bourse (pondérée par les volumes de transactions) pendant les 90 jours de Bourse précédant l’acquisition des 146 000 actions par M. Ben Ayed (soit le 5 janvier 2023),

– le prix le plus élevé payé pour les mêmes titres par M. Ben Ayed, ou par des personnes agissant de concert avec lui, durant lesdits 90 jours,

– le prix des 146 000 actions (7,2 TND l’action).

Au vu de l’historique des cotations sur la période, le prix retenu serait de 7,2 TND et l’opération coûterait à l’homme d’affaires environ 130 MTND, un montant loin d’être évident et qui nécessite un schéma de financement.

La dérogation de déposer l’OPA reste une exclusivité au CMF, qu’il peut décider dans certains cas précisés par l’article 164 du règlement de la Bourse. Dans le cas de WIB, la seule situation susceptible de résulter en une exemption serait que M. Ben Ayed s’engage à revendre les titres acquis en dépassement de 40% du capital dans le marché, et ce, avant la tenue de la réunion de l’assemblée générale des actionnaires la plus proche. Cette niche est ouverte, car les titres achetés et qui ont été à l’origine de l’OPA ne lui ont pas permis d’atteindre le seuil de 43% du capital de la banque.

Est-ce que les actionnaires vont suivre en cas de lancement effectif d’une OPA? Vu que le titre est peu liquide, nous pensons qu’une bonne partie des actionnaires individuels serait encline à vendre, profitant de cette porte de sortie. Mais le plus intéressant est la décision des autres poids lourds du tour de table.

Il y a l’ICD et la CDC, qui contrôlent respectivement 30 et 10% du capital, et qui figurent parmi les actionnaires dès octobre 2015. Pour la CDC, c’est une belle opportunité pour quitter, puisqu’elle a acquis sa participation à 5 TND l’action. Pour l’ICD, qui bénéficie du même prix d’entrée que le premier investisseur institutionnel de la Tunisie, il faudra tenir compte de la dévaluation du dinar par rapport au dollar. Entre les deux dates, c’est une dépréciation de près de 36% qu’il ne faut pas négliger. A ne pas oublier les frères Hamrouni (12,8% du capital), mais dont on ignore le coût d’achat de leurs parts.

Si l’OPA permet à M. Ben Ayed de contrôler 95% des droits de vote ou plus de WIB, il sera obligé de passer à une offre publique de retrait.

Nous pensons que, du point de vue perspectives de développement, il serait plus utile de garder la banque cotée. La place de Tunis a également besoin de plus de sociétés, surtout si elles sont en bonne santé financière. WIB a pu basculer son résultat en territoire positif dès l’année dernière et ce n’est pas le moment de quitter.