En Tunisie, l’industrie du ciment est l’une des activités industrielles les plus structurées et les mieux réparties géographiquement. Les 9 usines que compte le pays sont implantées près des centres de consommation, et en prenant en considération les gisements de matières premières et les infrastructures nécessaires. La capacité de production de la totalité de cet outil industriel s’élève à 12 500 000 tonnes, un niveau quasiment jamais atteint même durant les années fastes du secteur.
En 2022, la production nationale du clinker a totalisé 6 707 832 tonnes, en baisse de 3,8% par rapport à 2021. Quant au ciment, 6 763 872 tonnes ont été produites. Même tendance pour la chaux, qui a vu son volume chuter de 24,1% à 55 015 tonnes.
Cela reflète une demande locale en berne. Le marché a absorbé 5 476 196 tonnes de ciment (-7,22% en glissement annuel) et 54 500 tonnes de chaux (-23,9% par rapport à 2021). Pour l’export, il a totalisé 681 211 tonnes de clinker (+22,0%) et 1 721 938 tonnes de ciment (-12,1%).
Le ciment est principalement destiné au secteur du bâtiment qui affiche des fébrilités depuis quelques années. Les projets publics sont moins nombreux à cause des difficultés des finances publiques qui ont d’autres urgences à traiter. Quant à l’immobilier, la hausse des taux et l’étau fiscal ont pesé sur le rythme des mises en chantier et des ventes.
Pour l’export, l’Algérie est également en surcapacité de production et n’importe plus de ciment depuis 2017. Elle exporte en Afrique et est même devenue le deuxième fournisseur de l’Union européenne en ciments hydrauliques. Pour la destination libyenne, la Tunisie a de la concurrence égyptienne et turque. Le potentiel réel de cette industrie est limité à moyen terme, sauf si une percée est réalisée au niveau de sa compétitivité. Seule une réduction de la facture énergétique des usines pourra nous replacer sur la carte régionale de l’export du ciment. Cela nécessite des investissements technologiques lourds et une révision des processus de production. Au vu de la situation actuelle, nous ne voyons pas comment les entreprises pourraient trouver les ressources financières alors qu’elles sont surendettées.
C’est un autre secteur stratégique à sauver et où l’Etat pourra se désengager et laisser le secteur privé mener la révolution. Certes, il y aura un impact sur le prix du sac de ciment, mais il ne faut pas tarder à faire un choix entre une mort lente de l’industrie du ciment et la durabilité de l’activité et de milliers d’emplois.
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