Le Nigeria réclame 10 milliards de dollars à Binance
Binance a annoncé aujourd’hui qu’elle mettrait fin à tous ses services en nairas, dans le cadre d’un conflit juridique qui oppose la société américaine de crypto-monnaies et le Nigeria. A partir de vendredi prochain, tous les soldes en naira restants dans les comptes des utilisateurs seront automatiquement convertis en Tether, une crypto-monnaie stable indexée sur le dollar américain. La société ne prendra plus en charge les dépôts de naira à partir de 14h00 (UTC) aujourd’hui, ni les retraits de la devise après 6h00 (UTC) vendredi.
Le Nigeria est également l’un des plus grands marchés cryptographiques du monde, mais le gouvernement a demandé près de 10 milliards de dollars de compensation à Binance, qu’il accuse de manipuler les taux de change via la spéculation sur les devises et la fixation des taux. La Banque centrale nigériane a déclaré qu’en 2023, 26 milliards de dollars ont transité par Binance Nigeria à partir de sources et d’utilisateurs qu’elle n’a pas pu identifier de manière adéquate. Les autorités ont demandé à voir la liste des utilisateurs nigérians de Binance depuis sa création. Deux dirigeants qui se sont envolés pour le Nigeria, à la suite de la décision du pays d’interdire plusieurs sites d’échange de crypto-monnaies la semaine dernière, ont été arrêtés et leurs passeports saisis.
Le naira nigérian a perdu près de 70% de sa valeur au cours des derniers mois, la plus grande économie d’Afrique étant confrontée à une crise monétaire et à une inflation galopante. Le gouvernement a tenté d’attirer des investissements étrangers pour relancer l’économie en difficulté du pays grâce à une série de réformes favorables à l’économie de marché. Il a notamment essayé de mettre de l’ordre dans son système désordonné de taux de change multiples et de mettre fin à l’ancrage de la monnaie, qui dure depuis des années. Le pays a dévalué le naira à deux reprises en huit mois.
Ce litige est un coup dur pour Binance, en plein chantier pour réformer sa culture interne. En novembre dernier, la société a payé 4,3 milliards de dollars de pénalités aux autorités américaines après avoir plaidé coupable dans des accusations criminelles liées au blanchiment d’argent et à la violation des règles de sanctions internationales.